ActualitésPolitique

Jair Bolsonaro Inculpé : La Cour Suprême Brésilienne Va Trancher

Jair Bolsonaro, ex-président brésilien d'extrême droite, est dans la tourmente. Inculpé pour un projet présumé de coup d'État visant à le maintenir au pouvoir, il attend la décision de la Cour suprême qui scellera son sort. Retour sur une affaire explosive qui ébranle la démocratie brésilienne.

Le Brésil retient son souffle. L’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro, défait dans les urnes en 2022, se retrouve aujourd’hui face à la justice. Accusé d’avoir fomenté un coup d’État pour se maintenir au pouvoir, il vient d’être inculpé par le parquet aux côtés de plusieurs proches, dont d’anciens ministres et des militaires haut gradés. Son destin est désormais entre les mains de la Cour suprême, qui doit décider de l’ouverture ou non d’un procès retentissant.

Bolsonaro, « leader » d’une conspiration contre la démocratie ?

Selon l’acte d’accusation, étayé par plus de 800 pages d’éléments rassemblés par la police fédérale, Jair Bolsonaro aurait été le cerveau d’un vaste complot visant à renverser le résultat des élections. Le parquet le décrit comme le « leader » d’une organisation criminelle résolue à abolir l’État de droit par la violence. Parmi les pièces à conviction : des documents manuscrits, des fichiers numériques et des échanges de messages révélant un plan de « rupture démocratique ».

Les chefs d’accusation retenus contre Jair Bolsonaro sont accablants : « coup d’État », « tentative d’abolition violente de l’État de droit démocratique » et « organisation criminelle armée ».

Toujours selon l’enquête, ce projet de putsch n’aurait finalement pas abouti « en raison de circonstances allant contre la volonté » de Bolsonaro, et notamment du manque de soutien des principaux dirigeants de l’armée brésilienne. Mais l’intention y était, martèle le parquet.

Une défense qui crie au complot politique

Face à ces accusations, les avocats de l’ancien président se disent « stupéfaits » et « indignés ». Ils estiment qu’aucune preuve tangible ne vient étayer le « narratif construit » par les procureurs. Jair Bolsonaro, lui, clame son innocence et dénonce une « persécution » politique. Si le procès devait avoir lieu et déboucher sur une condamnation, il risquerait jusqu’à 40 ans de réclusion. Mais beaucoup d’experts jugent peu probable une incarcération à court terme.

Un avenir politique en suspens

Au-delà des enjeux judiciaires, c’est tout l’avenir politique de Jair Bolsonaro qui est en jeu. Déjà déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour avoir répandu de fausses informations sur le système électoral, l’ex-président nourrit l’espoir de faire invalider cette condamnation pour se présenter à nouveau en 2026. Un scénario de come-back à la Donald Trump, qu’il appelle ouvertement de ses vœux.

Un cercle rapproché dans la tourmente

Jair Bolsonaro n’est pas le seul à devoir rendre des comptes à la justice dans cette affaire. Plusieurs de ses plus fidèles lieutenants sont également visés par la procédure. C’est le cas de son ancien ministre de la Défense et candidat à la vice-présidence Walter Braga Netto, du général Augusto Heleno qui était considéré comme son éminence grise, de son ex-chef des services de renseignement Alexandre Ramagem, ou encore de son ancien ministre de la Justice Anderson Torres. De quoi fragiliser un peu plus le clan Bolsonaro.

Lula épargné d’un attentat ?

Le volet le plus spectaculaire de l’affaire reste sans doute ce projet présumé d’assassinat qui aurait visé Lula, son vice-président Geraldo Alckmin ainsi qu’un juge de la Cour suprême. Baptisé « poignard jaune et vert » en référence aux couleurs du drapeau brésilien, il était censé être exécuté dans l’entre-deux tours. Selon les procureurs, Jair Bolsonaro en avait « conscience » et a donné son « consentement ». Une allégation que dément fermement la défense.

Des émeutes comme « dernière tentative » de putsch

D’après le parquet, les violentes émeutes qui ont visé les lieux de pouvoir à Brasilia le 8 janvier 2023, une semaine après l’investiture de Lula, constituent « une dernière tentative » des bolsonaristes pour s’emparer du pouvoir par la force. Ces événements auraient été minutieusement planifiés, impliquant notamment l’établissement d’un décret présidentiel justifiant la proclamation de l’état de siège afin d’annuler les élections.

Un pays sous tension

Avec cette mise en accusation fracassante, c’est une page sombre de l’histoire du Brésil qui s’écrit sous nos yeux. Plus de 35 ans après la fin de la dictature militaire, les fondements de la jeune démocratie brésilienne semblent à nouveau menacés. Le pays, profondément polarisé, retient son souffle dans l’attente du verdict de la Cour suprême. Une décision lourde de sens, qui en dit long sur la fragilité des institutions et le chemin qu’il reste à parcourir pour consolider l’État de droit.

Ce feuilleton judiciaire n’en est sans doute qu’à ses débuts. Mais d’ores et déjà, il jette une lumière crue sur les profondes failles de la démocratie brésilienne et les ambitions de ceux qui cherchent à la torpiller.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.