InternationalPolitique

Jair Bolsonaro Condamné à 27 Ans de Prison : La Fin d’un Règne

L’ancien président Jair Bolsonaro vient d’être transféré dans une petite cellule à Brasilia pour purger 27 ans de prison. Comment l’ex-capitaine adulé par des millions a-t-il pu tomber si bas ? L’histoire est plus brutale que vous ne l’imaginez…

Imaginez un homme qui, il y a encore quelques années, paradait en sauveur de la nation, porté par des foules en liesse, maillot de foot sur les épaules et Bible à la main. Aujourd’hui, ce même homme dort dans une cellule exiguë au siège de la police fédérale de Brasilia. Jair Messias Bolsonaro, 70 ans, ancien capitaine de l’armée, ex-président du Brésil, vient de commencer à purger une peine de 27 ans de prison pour tentative de coup d’État. La chute est vertigineuse.

De l’uniforme militaire au palais présidentiel : une ascension fulgurante

Né le 21 mars 1955 dans une petite ville de l’État de São Paulo, dans une famille modeste d’origine italienne, Jair Bolsonaro grandit loin des dorures du pouvoir. Il intègre l’armée, gravit les échelons jusqu’au grade de capitaine, puis quitte l’uniforme en 1988 après des déclarations explosives sur les salaires des militaires. Commence alors une longue carrière de député fédéral, réélu sept fois consécutives entre 1991 et 2018, souvent à la marge du système.

Pendant près de trente ans, il cultive l’image du franc-tireur, du seul homme politique qui « dit ce que tout le monde pense ». Ses prises de position choc – défense de la dictature militaire, déclarations misogynes, homophobes ou racistes – lui valent autant d’ennemis que d’admirateurs. Pourtant, c’est précisément ce style brutal qui va le propulser au sommet en 2018.

2018 : l’attentat qui change tout

Le 6 septembre 2018, en pleine campagne électorale, Jair Bolsonaro reçoit un coup de couteau en pleine rue à Juiz de Fora. L’image du candidat ensanglanté, porté par ses partisans, fait le tour du monde. Gravement blessé – intestins perforés, hémorragie massive – il frôle la mort. Hospitalisé pendant des semaines, il transforme cet attentat en arme politique.

Ses adversaires sont réduits au silence : difficile d’attaquer un homme entre la vie et la mort. Ses soutiens, eux, se mobilisent comme jamais. Le slogan « Bolsonaro héros » envahit les réseaux sociaux. Le 28 octobre 2018, il remporte l’élection présidentielle avec 55 % des voix face à Fernando Haddad.

Un clan familial au cœur du pouvoir

Arrivé au palais du Planalto, Jair Bolsonaro ne gouverne pas seul. Il s’entoure de ses fils : Flávio, sénateur, Carlos, conseiller très actif sur les réseaux, et Eduardo, député fédéral et relais privilégié avec l’extrême droite américaine. Sa troisième épouse, Michelle Bolsonaro, fervente évangélique, joue également un rôle clé auprès des églises pentecôtistes.

Ce clan familial, soudé et offensif, devient une marque de fabrique. Les meetings ressemblent à des cultes, mélange de foi, de patriotisme et de virilité exacerbée. Les puissants lobbies de l’agrobusiness et des évangéliques, séduits par le discours libéral en économie et ultraconservateur sur les mœurs, forment la colonne vertébrale de ce pouvoir.

Quatre années sous haute tension

Dès son investiture le 1er janvier 2019, Jair Bolsonaro promet de « rétablir l’ordre ». Le mandat sera tout sauf calme. Entre crises institutionnelles, attaques répétées contre la Cour suprême et le Congrès, le Brésil vit au rythme des provocations présidentielles.

Sur le plan économique, les réformes – notamment celle des retraites – portent leurs fruits : croissance retrouvée, inflation maîtrisée. Mais le bilan social et environnemental est catastrophique.

Covid-19 : une gestion tragique

Quand la pandémie frappe en 2020, Jair Bolsonaro minimise, moque les masques, vante des traitements sans preuve scientifique et s’oppose aux gouverneurs qui imposent des restrictions. Le Brésil devient l’un des pays les plus touchés au monde : près de 700 000 morts officiellement recensés.

Les images de fosses communes à Manaus, les hôpitaux saturés et les familles endeuillées marquent durablement l’opinion. La commission parlementaire d’enquête sur la gestion de la crise recommande en 2021 son inculpation pour crimes contre l’humanité. Le rapport reste lettre morte, mais le discrédit est immense.

Amazonie : le feu vert à la déforestation

Climatosceptique assumé, Jair Bolsonaro démantèle les politiques de protection de l’Amazonie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la déforestation explose, atteignant des records annuels. Les images satellite des incendies géants font le tour du monde et valent au Brésil une réputation désastreuse sur la scène internationale.

2022 : la défaite et le refus d’accepter le résultat

Le 30 octobre 2022, Jair Bolsonaro est battu de justesse par Luiz Inácio Lula da Silva (50,9 % contre 49,1 %). Pour la première fois, il reste silencieux pendant deux jours. Puis il refuse de reconnaître explicitement la victoire de son adversaire.

Des barrages de camionneurs bloquent les routes, des appels à l’intervention militaire se multiplient. Le 30 décembre 2022, deux jours avant la fin de son mandat, Jair Bolsonaro s’envole pour la Floride, laissant le pays dans l’incertitude.

8 janvier 2023 : l’assaut de Brasilia

Une semaine après l’investiture de Lula, des milliers de bolsonaristes radicaux envahissent le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême. Les images sont saisissantes : vitres brisées, bureaux saccagés, drapeaux brésiliens brandis par des émeutiers criant « intervention militaire maintenant ! ».

L’assaut dure plusieurs heures avant d’être maîtrisé. Plus de 2 000 personnes seront arrêtées. Jair Bolsonaro, depuis la Floride, condamne mollement les violences tout en continuant à dénoncer une « fraude électorale » jamais prouvée.

L’étau judiciaire se resserre

Dès 2023, les enquêtes se multiplient. Port d’armes illégal, faux certificats de vaccination, bijoux saoudiens non déclarés, et surtout : le projet de coup d’État baptisé « Poignard vert et jaune ».

Les investigations révèlent l’existence d’un plan détaillé pour empêcher la prise de fonction de Lula : assassinats ciblés (dont celui du juge Alexandre de Moraes), déclaration de l’état de siège, intervention militaire. Jair Bolsonaro aurait été tenu informé à chaque étape.

En juin 2023, il est déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour abus de pouvoir et désinformation électorale. En septembre 2025, la Cour suprême le condamne à 27 ans de prison ferme.

Novembre 2025 : l’incarcération

Placé en résidence surveillée depuis août 2025, Jair Bolsonaro tente, le week-end dernier, de détruire son bracelet électronique. La Cour suprême ordonne immédiatement son transfert en détention provisoire, puis sa mise à exécution définitive de la peine.

C’est donc dans une petite cellule du siège de la police fédérale de Brasilia, là même où sont détenus les principaux acteurs du 8 janvier, que l’ancien président commence à purger ses 27 ans. Âgé de 70 ans, affaibli par les séquelles de l’attentat de 2018 et plusieurs opérations récentes, il apparaît plus fragile que jamais.

Dans une dernière vidéo avant son incarcération, il dénonce une « persécution politique » et assure que « l’histoire lui donnera raison ». Ses avocats promettent de faire appel jusqu’à la dernière instance.

Que reste-t-il du bolsonarisme ?

Même derrière les barreaux, Jair Bolsonaro conserve une base fidèle. Des manifestations de soutien continuent d’avoir lieu, notamment devant le quartier général de l’armée à Brasilia. Ses fils restent très actifs politiquement et sur les réseaux sociaux.

Mais le mouvement est fracturé. Une partie de la droite traditionnelle prend ses distances. Les évangéliques, autrefois acquis à sa cause, commencent à se diviser. Et l’image du « mythe », cet homme présenté comme incorruptible et invincible, est durablement écornée.

Le Brésil, lui, retient son souffle. L’incarcération d’un ancien président est une première dans l’histoire du pays. Beaucoup y voient le signe que les institutions ont tenu bon face à la tentation autoritaire. D’autres, au contraire, crient à la « dictature des juges ».

Une chose est sûre : la page Bolsonaro ne se tourne pas aussi facilement. Même enfermé dans sa petite cellule, l’ancien capitaine continue de polariser le Brésil comme personne. Et l’histoire, comme il aime à le répéter, n’a peut-être pas encore rendu son verdict final.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.