La récente entrée des forces israéliennes dans la zone tampon du Golan à la frontière syrienne a été qualifiée de « violation » de l’accord de désengagement de 1974 par l’ONU. Cette incursion, présentée comme « temporaire » et « limitée » par le gouvernement israélien, intervient dans un contexte de grandes tensions suite à la chute du président syrien Bachar al-Assad.
Une présence israélienne contraire à l’accord de 1974
Selon le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric, la seule présence des troupes israéliennes dans cette zone démilitarisée, même de façon temporaire, constitue une violation de l’accord conclu il y a près de 50 ans entre Israël et la Syrie. Cet accord, instauré après la guerre israélo-arabe de 1973, avait établi une zone tampon sous contrôle de l’ONU pour séparer les forces des deux pays.
Il ne doit y avoir aucune force ou activité militaire dans la zone de séparation. Et Israël et la Syrie doivent continuer à appliquer les termes de l’accord de 1974 et préserver la stabilité du Golan.
Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU
La FNUOD, la force des Nations unies chargée d’observer le désengagement, a ainsi confirmé la présence des forces armées israéliennes dans au moins trois lieux de la zone et a rappelé à Israël que ces actions violaient l’accord en vigueur.
Des raisons de sécurité invoquées par Israël
Face à ces accusations, le gouvernement israélien a justifié cette incursion par des impératifs de sécurité. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait en effet ordonné à l’armée de « prendre le contrôle » de la zone tampon, une mesure présentée comme « limitée et temporaire » par son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar.
Dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur israélien Danny Danon a assuré que les forces de son pays continueraient « à agir autant que nécessaire pour protéger l’Etat d’Israël et ses citoyens, dans le respect total du droit international ». Il a souligné qu’Israël n’intervenait pas dans le conflit syrien mais agissait uniquement pour maintenir sa sécurité, citant l’attaque récente de positions de l’ONU par des groupes armés venus de Syrie.
Une incursion au-delà de la zone tampon
Mais l’opération israélienne ne s’est pas limitée à la seule zone tampon. Des porte-parole du gouvernement ont confirmé que les troupes avaient aussi pris position plus loin, sur les pentes du mont Hermon, un sommet stratégique à cheval sur la Syrie, le Liban et le territoire sous contrôle israélien. L’objectif était d’occuper des positions évacuées par l’armée syrienne pour empêcher que des « forces hostiles jihadistes » ou du Hezbollah libanais ne s’y installent.
Le Golan, un enjeu central pour Israël
Au coeur de ce nouveau regain de tensions se trouve le plateau du Golan, un territoire syrien dont une partie a été conquise par Israël lors de la guerre de 1967 puis annexée en 1981. Malgré les résolutions de l’ONU condamnant cette annexion, Benjamin Netanyahu a martelé que « le Golan fera partie de l’Etat d’Israël pour l’éternité », estimant son contrôle vital pour garantir la souveraineté israélienne.
Une incursion « temporaire » mais jusqu’à quand ?
Si les États-Unis, allié clé d’Israël, ont dit s’attendre à ce que cette incursion soit bien « temporaire », la question est de savoir combien de temps les troupes israéliennes comptent rester dans cette zone. Tout en appelant au respect de l’accord de 1974, Washington a affirmé qu’il veillerait à ce qu’Israël s’y conforme.
Mais dans un contexte de grande instabilité en Syrie et de tensions persistantes avec le Hezbollah libanais, il y a fort à parier que l’armée israélienne ne se retirera pas de sitôt. Au risque de maintenir une situation explosive dans cette région hautement stratégique et de fragiliser encore plus l’accord de 1974 et le rôle des forces de l’ONU censées garantir la stabilité.