Un pays au cœur des débats internationaux. Une terre sainte revendiquée par plusieurs peuples et religions. Un État dont la légitimité même ne fait pas consensus. Israël, de par son histoire unique et sa position géostratégique, cristallise de nombreuses tensions au Moyen-Orient et dans le monde. Retour sur une genèse mouvementée qui continue de façonner le présent.
Les racines anciennes d’un jeune État
Si l’État d’Israël a été officiellement fondé en 1948, son histoire plonge ses racines dans un passé bien plus lointain. Terre promise des Hébreux dans la Bible, la Palestine a vu se succéder de nombreuses dominations au fil des siècles : babylonienne, perse, grecque, romaine, byzantine, arabe, ottomane… Autant d’influences qui ont façonné ce territoire et attisé les convoitises.
C’est à la fin du XIXe siècle qu’émerge véritablement le projet sioniste, qui aspire à établir un foyer national juif en Palestine. Porté par Theodor Herzl, ce mouvement prendra de l’ampleur après la Première Guerre mondiale et la chute de l’Empire ottoman. La déclaration Balfour de 1917, par laquelle le Royaume-Uni se montre favorable à ce foyer juif, marquera un tournant majeur.
1947 : la résolution historique de l’ONU
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU se saisit de la question palestinienne. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale adopte la résolution 181, qui prévoit la partition de la Palestine en deux États, l’un juif, l’autre arabe. Une décision historique, fondatrice pour Israël, mais qui sera rejetée par les pays arabes. S’ensuivra la première guerre israélo-arabe de 1948-1949.
La résolution 181 de l’ONU aura été le acte de naissance juridique de l’État d’Israël, lui conférant une légitimité internationale. Mais sur le terrain, c’est par les armes que s’imposeront ses frontières.
analyse un spécialiste de la région
Des frontières mouvantes source de conflits
Depuis sa création, Israël a connu plusieurs guerres qui ont redessiné sa géographie :
- 1967 : guerre des Six-Jours, occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Gaza, du Golan et du Sinaï
- 1973 : guerre du Kippour
- 1982 : invasion du Liban
Vers une paix incertaine
Les accords d’Oslo de 1993 avaient suscité l’espoir d’une résolution du conflit israélo-palestinien, en jetant les bases d’un processus de paix. Mais le blocage des négociations, la poursuite de la colonisation israélienne et les tensions récurrentes ont depuis entravé cet horizon.
Aujourd’hui, la solution dite “à deux États”, pourtant internationalement plébiscitée, semble plus difficile que jamais à mettre en œuvre. Entre annexions revendiquées par Israël et volonté d’émancipation côté palestinien, de profondes divergences perdurent.
Sans un règlement durable et juste de la question des frontières et du statut de Jérusalem, on voit mal comment une paix durable pourrait s’installer
déplore un ancien diplomate français
Les récents propos d’Emmanuel Macron, rappelant au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qu’Israël devait son existence à une décision de l’ONU, ont ravivé les tensions. Mais ils ont aussi rappelé la complexité d’une histoire qui ne peut se résumer à une simple existence juridique.
Entre annexions contestées, colonies illégales et revendications contradictoires, l’État hébreu reste au cœur de crispations géopolitiques majeures. Un jeu d’influences et de rapports de force dans lequel s’entrechoquent droit international et réalités du terrain. Un nœud gordien que seules des négociations sincères semblent en mesure de trancher.
Plus de 70 ans après sa fondation, Israël demeure un objet de fascination et de polémiques. Sa genèse atypique, sa position unique au Moyen-Orient et l’enlisement du processus de paix continuent de questionner sa légitimité, ses frontières et son avenir. Rien ne semble écrit concernant ce pays né d’une décision historique, mais toujours en quête de stabilité.
