La scène politique israélienne s’enflamme alors que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, une figure controversée de l’extrême droite, accuse la justice de fomenter un « coup d’État » à son encontre. Cette accusation choc intervient après l’arrestation d’un haut responsable de l’administration pénitentiaire et de deux officiers de police, soupçonnés de corruption et d’abus de confiance.
Selon plusieurs médias israéliens, les personnes arrêtées seraient proches du ministre Ben Gvir. Ce dernier n’a pas tardé à réagir, qualifiant ces arrestations de « décision politique » destinée à le faire tomber, ainsi que le gouvernement et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il accuse directement la procureure générale de l’État, Gali Baharav-Miara, d’être derrière cette opération.
« Afin que le gouvernement de droite puisse fonctionner, sans que la conseillère juridique ne l’en empêche, nous devons arrêter cette folie et son coup d’État juridique »
– Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale
Une procureure générale dans la tourmente
Gali Baharav-Miara, nommée procureure générale en 2022, s’est attiré les foudres de certains ministres du gouvernement actuel à plusieurs reprises. En mars dernier, elle avait rappelé à l’ordre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, jugeant « illégale » une de ses interventions publiques sur le controversé projet de réforme du système judiciaire, compte tenu de ses procès en cours pour corruption.
Plus récemment, la procureure a mis en difficulté le gouvernement sur la question ultrasensible de la conscription des juifs ultraorthodoxes. En l’absence d’une loi valide pour prolonger leur exemption, elle a forcé l’exécutif à émettre des appels sous les drapeaux pour plusieurs milliers d’entre eux.
Appel à mettre fin au mandat de la procureure
Face à ce qu’il perçoit comme une ingérence intolérable, le ministre Ben Gvir a appelé le Premier ministre Netanyahu à examiner avec le cabinet les moyens de « mettre un terme au mandat » de Mme Baharav-Miara. Cette demande, qui sera discutée lors du prochain conseil des ministres, risque d’accroître encore davantage les tensions entre le pouvoir exécutif et le système judiciaire.
Un contexte politique explosif
Cette crise intervient dans un contexte politique déjà explosif en Israël. Le projet de réforme de la justice, porté par le gouvernement Netanyahu, divise profondément le pays. Ses détracteurs y voient une menace pour la démocratie et l’indépendance de la justice, tandis que ses partisans dénoncent un activisme judiciaire excessif.
L’affrontement entre Itamar Ben Gvir, figure de proue de l’extrême droite au gouvernement, et la procureure générale Gali Baharav-Miara, garante de l’État de droit, illustre de manière saisissante les lignes de fracture qui traversent la société israélienne. Au-delà des accusations de « coup d’État », c’est la question de l’équilibre des pouvoirs et du respect des institutions qui est posée.
Quelle issue à la crise?
Face à cette escalade des tensions, de nombreux observateurs s’inquiètent pour la stabilité des institutions démocratiques israéliennes. Le bras de fer entre le ministre Ben Gvir et la procureure générale risque de fragiliser encore davantage un édifice institutionnel déjà ébranlé par des mois de contestation.
La suite des événements dépendra en grande partie de la réaction du Premier ministre Netanyahu. Cédant à la pression de son aile droite, il pourrait être tenté de donner satisfaction au ministre Ben Gvir en cherchant à écarter la procureure. Mais une telle décision risquerait d’être perçue comme une attaque frontale contre l’indépendance de la justice et de provoquer une crise constitutionnelle majeure.
Quoi qu’il en soit, cette affaire illustre la profonde polarisation de la société israélienne et les difficultés du système politique à trouver un point d’équilibre. Entre les accusations de « coup d’État », les soupçons de corruption et les défis lancés à l’État de droit, c’est l’avenir même de la démocratie israélienne qui semble en jeu. Seul un dialogue apaisé et un respect mutuel des institutions permettront de sortir de l’impasse actuelle.