Près de 60 ans après sa mort, l’espion israélien Eli Cohen fait à nouveau parler de lui. Selon des sources proches du dossier, Israël mènerait actuellement des négociations secrètes pour tenter de localiser et rapatrier les restes de son légendaire agent, exécuté en Syrie en 1965. Une quête qui s’annonce complexe mais qui témoigne de la détermination d’Israël à récupérer l’un de ses plus célèbres héros.
Un espion devenu légende
Eli Cohen, né en Égypte en 1924, est entré dans la légende des services secrets israéliens pour avoir réussi à infiltrer les plus hautes sphères du pouvoir syrien au début des années 1960. Sous la fausse identité de Kamal Amin Thaabet, un riche homme d’affaires syrien, il a tissé des liens étroits avec l’élite politique et militaire de Damas, récoltant des renseignements précieux pour Israël.
Son parcours extraordinaire a pris fin brutalement en janvier 1965, lorsqu’il a été démasqué et arrêté par les autorités syriennes. Après un procès expéditif, Eli Cohen a été condamné à mort pour espionnage et pendu publiquement à Damas le 18 mai 1965. Son corps n’a jamais été restitué à Israël.
Des négociations dans l’ombre
Depuis des décennies, récupérer les restes de son espion est un objectif important pour l’État hébreu. Mais aujourd’hui, les efforts semblent s’intensifier. Selon des responsables palestiniens cités par l’AFP, Israël aurait récemment établi des contacts via des médiateurs pour tenter de localiser la dépouille d’Eli Cohen en Syrie.
Ces démarches s’inscrivent dans le cadre plus large des tentatives israéliennes pour rapatrier les corps de ses soldats portés disparus lors de conflits passés avec la Syrie. Les négociations, menées discrètement avec l’aide de la Russie, auraient permis des avancées ces dernières années, comme la restitution en 2019 des restes du soldat Zachary Baumel, disparu au Liban en 1982.
Des zones d’ombre persistantes
Malgré ces efforts, le mystère demeure sur le lieu exact où repose Eli Cohen. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, des recherches auraient été menées dans un cimetière du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, près de Damas, sans succès pour l’instant.
Le dossier est d’autant plus sensible qu’il touche au cœur du conflit historique entre Israël et la Syrie. Même si des progrès ont été réalisés, avec notamment la restitution par Israël de la montre d’Eli Cohen en 2018, les relations entre les deux pays restent tendues et marquées par la méfiance.
Un symbole toujours vivace
Plus d’un demi-siècle après sa mort, Eli Cohen continue de fasciner et d’incarner le sacrifice ultime au service de son pays. Son histoire a fait l’objet de nombreux livres, documentaires et même d’une série Netflix en 2019, attestant de la fascination qu’il exerce toujours.
Pour Israël, rapatrier ses restes serait un accomplissement historique et un hommage à la mémoire de cet espion hors normes. Mais au-delà du symbole, cela permettrait peut-être d’écrire le dernier chapitre d’une histoire qui a marqué les esprits et de tourner une page douloureuse des relations israélo-syriennes. La quête d’Eli Cohen est aussi celle d’une forme d’apaisement, même si le chemin promet d’être encore long.