C’est un véritable soulagement pour les Palestiniens de Cisjordanie. Israël vient en effet de prolonger pour un an la dérogation permettant aux banques israéliennes de coopérer avec leurs homologues palestiniennes. Sans ce renouvellement, le système financier de la Cisjordanie était menacé de paralysie totale dès le 1er décembre.
Cette extension cruciale a été approuvée lors d’une réunion du cabinet de sécurité israélien, comme l’a indiqué une source proche du ministre des Finances Bezalel Smotrich, un colon d’extrême droite partisan de l’annexion de la Cisjordanie occupée depuis 1967. Ce dernier avait pourtant brandi la menace en mai dernier de couper ce canal bancaire vital, en réponse à la reconnaissance par trois pays européens de l’État de Palestine.
Des renouvellements au compte-gouttes
Depuis, la garantie permettant aux banques israéliennes de traiter avec la Palestine a été renouvelée à plusieurs reprises, mais toujours pour de courtes périodes. Dernier sursis en date, elle avait été prolongée d’un mois seulement, jusqu’au 30 novembre. Un véritable casse-tête pour les établissements financiers palestiniens, qui ne pouvaient fonctionner sereinement.
Le ministre Smotrich avait conditionné une extension plus longue à des concessions sur la colonisation israélienne en Cisjordanie. Il avait également évoqué des craintes sur le financement de groupes armés palestiniens via les banques pour justifier ces renouvellements au compte-gouttes. Des arguments qui semblent peu convaincants au vu de la dépendance totale du système financier palestinien à son voisin israélien.
Une ligne de vie pour l’économie palestinienne
Car sans la garantie de l’État hébreu, les banques israéliennes ne prendraient pas le risque de la moindre transaction avec leurs homologues enregistrées auprès de l’Autorité palestinienne. Cette garantie les prémunit en effet contre d’éventuelles poursuites, notamment au titre de la lutte contre le blanchiment ou le financement du terrorisme.
C’est dire si le fonctionnement du système financier, et donc la vie quotidienne des Palestiniens de Cisjordanie, dépend entièrement du bon vouloir d’Israël. D’autant que la quasi-totalité des échanges se fait en shekels, la monnaie israélienne, l’Autorité palestinienne ne disposant pas de sa propre monnaie en l’absence de banque centrale.
La communauté internationale s’en mêle
Face au bras de fer engagé par Israël sur ce dossier sensible, la communauté internationale a dû monter au créneau. En juillet, le G7 avait ainsi exhorté l’État hébreu à « prendre les mesures nécessaires » pour permettre au système financier palestinien de fonctionner. Un appel relayé par la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen, qui avait mis en garde contre le risque d’une « crise humanitaire » en cas de coupure des liens bancaires.
Malgré ce soulagement temporaire, les Palestiniens restent donc à la merci d’Israël pour leurs opérations financières les plus basiques. Une situation intenable à long terme, qui illustre une nouvelle fois l’asymétrie du rapport de force entre les deux parties. Tant que l’occupant contrôlera tous les leviers économiques, difficile d’envisager un développement pérenne pour la Cisjordanie.
Il est temps que la Palestine puisse enfin disposer d’un système bancaire et financier pleinement indépendant et souverain. C’est une condition sine qua non à son émancipation économique, et donc politique. Sinon, sa survie continuera de dépendre du bon vouloir israélien, dans une relation de dépendance qui n’a que trop duré.