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Israël prépare une alternative au Hamas pour gouverner Gaza

Alors que la guerre fait rage à Gaza, Israël prépare déjà l'après-Hamas. Le ministre de la Défense évoque un plan pour isoler le groupe islamiste et installer une nouvelle autorité dans le territoire palestinien. Mais la division politique s'affiche au grand jour au sein du gouvernement israélien sur l'avenir de Gaza...

Alors que les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans la bande de Gaza, causant de lourdes pertes civiles, le ministre de la Défense Yoav Gallant a dévoilé ce dimanche les contours d’un plan visant à préparer une alternative au Hamas pour gouverner ce territoire palestinien une fois la guerre terminée. Une position qui tranche avec celle du Premier ministre Benyamin Netanyahou, partisan d’anéantir le mouvement islamiste avant toute discussion sur l’avenir politique de l’enclave.

Un «cadre» pour isoler le Hamas et introduire de nouvelles forces

Lors d’une rencontre avec des troupes près de la frontière, Yoav Gallant a esquissé un «cadre» ayant pour but «d’isoler des zones» de la bande de Gaza de la présence des combattants du Hamas. Il prévoit également «d’introduire d’autres forces qui permettront d’établir la formation d’une alternative de pouvoir» au mouvement islamiste, qui contrôle sans partage le territoire depuis 2007.

Le ministre s’était déjà publiquement opposé à la mi-mai à un éventuel contrôle militaire et politique direct par Israël de l’enclave palestinienne au sortir de la guerre, appelant à la place à la mise en place rapide d’une «alternative gouvernementale» au Hamas. Une position qui tranche avec les propos de Benyamin Netanyahou, pour qui il est vain de discuter de l’avenir de Gaza avant que le groupe islamiste n’ait été anéanti.

Divisions israéliennes sur l’avenir de Gaza

Ces divergences affichées au sein de l’exécutif israélien témoignent des dilemmes stratégiques auxquels fait face l’État hébreu dans sa tentative d’en finir avec le Hamas, qui a déclenché le conflit le 7 octobre dernier par une attaque sur le territoire israélien. En près de deux mois de guerre, les bombardements de Tsahal ont fait plus de 36000 morts à Gaza, en grande majorité des civils selon les autorités locales, tandis que le Hamas détient toujours 121 otages israéliens enlevés lors de l’attaque initiale.

Nous n’accepterons le règne du Hamas à Gaza à aucune étape du processus pour parvenir à la fin de la guerre.

Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense

Pour le ministre de la Défense, la poursuite des opérations militaires visant à affaiblir le Hamas doit s’accompagner de la préparation d’un nouveau leadership à même de prendre les rênes de Gaza. «L’opération militaire d’un côté et la création des dispositions pour une alternative gouvernementale de l’autre nous permettront de parvenir aux deux objectifs de cette guerre : l’élimination du Hamas comme autorité gouvernementale et militaire à Gaza et le retour des otages», a-t-il assuré.

Incertitudes sur l’identité d’une alternative crédible

Reste à savoir quelle pourrait être cette alternative, alors que le Hamas a laminé toute opposition à Gaza depuis sa prise de pouvoir il y a 17 ans. Le retour de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, chassée par la force en 2007, semble peu probable. Certains évoquent un gouvernement intérimaire composé de personnalités locales et soutenu par la communauté internationale, à condition qu’il n’inclue pas de membres du Hamas comme l’exige Israël.

Mais le chemin vers une transition politique post-Hamas à Gaza semble encore long et incertain au regard de l’enlisement des combats. Et les vives divergences au sommet de l’État israélien sur la stratégie à adopter risquent de compliquer encore la donne. Une nouvelle illustration des défis complexes que pose le dossier palestinien à chaque gouvernement, aussi à droite soit-il.

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