Dans un geste attendu, les autorités israéliennes ont annoncé ce mardi l’ouverture d’un nouveau point de passage à destination de la bande de Gaza. Objectif affiché : permettre l’acheminement de plus grandes quantités d’aide humanitaire vers ce territoire palestinien en proie à une grave crise humanitaire depuis la dernière guerre en date.
Baptisé « Kissoufim », ce point de passage a été inauguré spécialement pour laisser passer les camions transportant de l’aide à destination des habitants de Gaza. Une ouverture qui intervient alors qu’Israël était sous pression de son principal allié, les États-Unis, pour faciliter l’assistance à la population gazaouie.
Les États-Unis avaient fixé un ultimatum à Israël
Washington n’avait en effet pas mâché ses mots. Dans une lettre datée du 13 octobre, les ministres américains des Affaires étrangères et de la Défense, Antony Blinken et Lloyd Austin, avaient adressé une série d’exigences à Israël. Parmi elles : permettre l’entrée de jusqu’à 350 camions d’aide humanitaire par jour, ouvrir un cinquième point de passage, et limiter les ordres d’évacuation au strict nécessaire.
Et les États-Unis avaient assorti leurs demandes d’un ultimatum : faute de réponse satisfaisante dans les 30 jours, ils menaçaient de suspendre une partie de leur assistance militaire à Israël. Une pression qui semble avoir porté ses fruits, avec l’annonce par le porte-parole du département d’État américain de l’ouverture imminente de Kissoufim.
Un conflit dévastateur pour les civils
Cette avancée intervient plus d’un an après le déclenchement, le 7 octobre 2023, d’une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza. Selon un décompte basé sur les données officielles israéliennes, les hostilités ont causé la mort de 1206 personnes, en majorité des civils.
Chiffres plus élevés encore côté palestinien : d’après le ministère de la Santé du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, l’offensive israélienne aurait fait plus de 43 600 morts, là aussi principalement parmi la population civile. Des données jugées crédibles par les Nations unies.
Une aide humanitaire vitale pour les habitants de Gaza
Dans ce contexte, l’ouverture de ce nouveau point de passage représente une bouffée d’oxygène pour les habitants de Gaza. Soumis à un blocus israélien depuis de nombreuses années, ils font face à des pénuries chroniques de biens de première nécessité et à une dégradation de leurs conditions de vie.
Toute mesure facilitant l’arrivée de l’aide humanitaire ne peut être que salutaire pour une population vivant dans une situation très précaire.
Une source humanitaire à Gaza
Mais beaucoup s’interrogent sur la portée réelle de cette décision. Selon des sources proches du dossier, les besoins humanitaires à Gaza dépasseraient largement les volumes d’aide que ce point de passage supplémentaire permettra d’acheminer. Sans compter que les restrictions israéliennes sur les importations de matériaux de construction, jugés sensibles, freinent la reconstruction des nombreux bâtiments détruits pendant la guerre.
La société civile appelle à une levée du blocus
De nombreuses organisations de la société civile, locales comme internationales, pressent Israël d’aller plus loin. Elles plaident pour un allègement, voire une levée du blocus imposé à Gaza depuis 2007, afin de permettre un véritable redressement économique du territoire.
Seul un accès plus large aux importations et aux exportations, ainsi qu’une plus grande liberté de circulation pour les personnes, permettront à l’économie de Gaza de se relever.
Un responsable d’une ONG internationale
Autant de revendications pour l’heure ignorées par le gouvernement israélien, qui met en avant des impératifs sécuritaires pour justifier le maintien de sévères restrictions aux frontières de Gaza. Mais la pression combinée de la communauté internationale et de la société civile pourrait bien finir par porter ses fruits et arracher de nouvelles concessions à Israël. En attendant, pour les habitants de Gaza, le chemin vers un retour à une vie normale s’annonce encore long et parsemé d’embûches.