Alors que le délai fixé pour le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah a expiré ce mardi matin, Israël a confirmé son intention de maintenir des soldats dans cinq points stratégiques le long de la frontière. Cette décision unilatérale place les autorités libanaises dans une position délicate vis-à-vis du mouvement Hezbollah, qui bien qu’affaibli par le conflit, estime qu’il incombe au gouvernement de pousser Israël à un retrait total.
Entré en vigueur le 27 novembre après deux mois d’une guerre ouverte dévastatrice, l’accord de trêve prévoyait le retrait complet des forces israéliennes du sud du Liban d’ici le 18 février, une échéance déjà repoussée une fois. Pourtant, à quelques heures du terme, un responsable libanais a indiqué sous couvert d’anonymat qu’alors que l’armée libanaise avançait, les troupes israéliennes n’avaient entamé qu’un retrait partiel de certains villages frontaliers.
Un pays meurtri qui peine à se reconstruire
Avec un coût de reconstruction estimé à plus de 10 milliards de dollars et environ 100 000 déplacés toujours dans l’attente de regagner leurs foyers selon l’ONU, le Liban peine à se relever de ce conflit dévastateur. Malgré l’ampleur sans précédent des destructions, notamment dans les zones frontalières, de nombreux Libanais aspirent à retrouver leur vie d’avant.
C’est le cas de Fatima Choukeir, une sexagénaire originaire du village frontalier de Meiss el-Jabal, qui a dû fuir il y a un an et demi. « Mon plus grand souhait est de m’asseoir devant ma maison, près de mes fleurs, et de savourer un café le matin », confie-t-elle, impatiente de retrouver ses voisins dispersés aux quatre vents par la guerre.
Un retrait israélien qui se fait attendre
Mais les espoirs de retour à la normale sont assombris par la décision israélienne de maintenir des troupes dans cinq points jugés stratégiques. Alors que l’accord prévoyait qu’au terme du retrait israélien, seuls l’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU seraient déployés dans le sud du pays, cette « mesure temporaire » est perçue côté libanais comme une violation des termes de la trêve.
Le Hezbollah doit être désarmé, et Israël préférerait que l’armée libanaise s’en charge, mais personne ne doit douter qu’Israël fera ce qu’il a à faire pour que l’accord de cessez-le-feu soit respecté et pour défendre notre sécurité.
– Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien
Du côté du Hezbollah, on estime qu’il revient au gouvernement de faire pression pour obtenir un retrait total et immédiat. Une position délicate pour les nouvelles autorités libanaises, qui ont réaffirmé la nécessité pour l’État de détenir le monopole des armes sur son territoire, une question qui fait débat au Liban concernant le mouvement chiite.
Des violations qui font craindre une reprise des hostilités
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, Israël a mené plusieurs frappes aériennes qui ont fait des dizaines de victimes civiles, notamment le 26 janvier alors que des habitants tentaient de regagner leurs villages. L’armée israélienne procède également à des opérations de dynamitage dans les localités frontalières, rendant impossible le retour de nombreux déplacés selon Human Rights Watch.
Exsangue après un conflit qui aura décimé sa direction et fortement réduit ses capacités militaires, le Hezbollah joue son va-tout dans ce bras de fer. Mais face à la détermination affichée par Israël, et en dépit des pressions internationales, l’espoir d’un retour rapide à la paix s’éloigne pour les Libanais, qui regardent avec angoisse vers cette frontière où le moindre incident pourrait dégénérer à tout moment.