C’est une décision qui a pris tout le monde de court. En pleine guerre contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a choisi de limoger mardi son ministre de la Défense Yoav Gallant. Une annonce surprise qui intervient alors qu’Israël bataille sur deux fronts et que le monde a les yeux rivés sur le résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis.
Des divergences sur la conduite de la guerre
D’après une source proche du dossier, c’est un désaccord profond sur la stratégie militaire entre le Premier ministre et son ministre de la Défense qui serait à l’origine de ce limogeage soudain. Dans une lettre adressée à Yoav Gallant, Benjamin Netanyahu pointe une “érosion de la confiance” ces derniers mois, à un moment où celle-ci est “plus que jamais requise entre le Premier ministre et son ministre de la Défense”.
Alors que Benjamin Netanyahu martèle son objectif “d’anéantissement” du Hamas à Gaza, Yoav Gallant, lui, plaidait pour une trêve en vue d’obtenir la libération des otages enlevés par le mouvement islamiste le 7 octobre dernier lors d’une attaque contre Israël. Depuis une unique trêve en novembre 2023, tous les efforts diplomatiques pour un cessez-le-feu à Gaza se sont révélés vains.
Israël Katz, nouveau ministre de la Défense
Pour remplacer Yoav Gallant, Benjamin Netanyahu a nommé Israël Katz, jusqu’alors ministre des Affaires étrangères. Ce dernier, membre du même parti Likoud que le Premier ministre, est considéré comme un proche de Benjamin Netanyahu. Un choix qui suggère une volonté de resserrer les rangs et d’avoir un ministre plus en phase avec la ligne dure du gouvernement.
L’ombre de l’élection américaine
L’annonce du limogeage est d’autant plus surprenante qu’elle intervient alors qu’Israël et le monde entier sont suspendus au résultat de l’élection présidentielle américaine, les États-Unis étant le principal allié d’Israël. Certains y voient un message envoyé à Washington, comme pour réaffirmer la détermination d’Israël à mener sa guerre comme il l’entend, quel que soit le locataire de la Maison Blanche.
Repousser le Hezbollah de la frontière nord
Au Liban, Yoav Gallant avait réitéré ces dernières semaines sa volonté de repousser les combattants du Hezbollah loin de la frontière nord d’Israël. L’objectif : sécuriser la zone pour permettre aux quelque 60 000 déplacés de rentrer chez eux. Car depuis le 8 octobre et l’ouverture par le Hezbollah d’un front contre Israël en soutien au Hamas, les échanges de tirs transfrontaliers sont quasi quotidiens, faisant craindre une escalade incontrôlable.
Un profil “rassembleur” et “responsable”
Bien qu’ayant rejoint le parti Likoud de Benjamin Netanyahu en 2019, Yoav Gallant, général en retraite, s’était d’abord fait connaître dans un parti de centre-droit. Son profil était jugé plus “rassembleur” que celui du Premier ministre par certains experts. “Perçu comme se concentrant sur la victoire et l’intérêt national”, selon les mots de l’ancien analyste au ministère des Affaires étrangères Calev Ben-Dor, il apparaissait comme une figure “responsable”.
Quel impact sur les opérations en cours ?
Reste à savoir quelles seront les conséquences de ce remaniement surprise sur la conduite des opérations militaires en cours. Si Benjamin Netanyahu semble déterminé à maintenir le cap, ce coup de théâtre en pleine guerre n’est pas sans soulever des interrogations sur la suite du conflit. D’autant qu’Israël doit aussi composer avec la menace des tirs de missiles menés par l’Iran, qui soutient le Hamas et le Hezbollah.
La sécurité d’Israël a été et restera la mission de ma vie.
Yoav Gallant, ex-ministre de la Défense
En attendant d’y voir plus clair, Yoav Gallant a réagi à son limogeage sur X (ex-Twitter) en réaffirmant son engagement indéfectible : “La sécurité d’Israël a été et restera la mission de ma vie”. Des mots qui résonnent avec d’autant plus de force dans ce contexte de haute tension où Tsahal, l’armée israélienne, est sur tous les fronts.