Le ciel de Beyrouth s’embrase à nouveau. Dans la nuit de vendredi à samedi, l’armée israélienne a lancé une série de frappes aériennes d’une intensité sans précédent sur la banlieue sud de la capitale libanaise, bastion du Hezbollah. Selon les médias israéliens, ce raid particulièrement violent visait directement le chef du mouvement chiite pro-iranien, Hassan Nasrallah.
Escalade militaire au Proche-Orient
Ces bombardements marquent une escalade significative dans le conflit larvé qui oppose Israël au Hezbollah libanais. L’armée israélienne affirme avoir tué plusieurs hauts commandants du groupe paramilitaire lors de ces frappes, dont le responsable de l’unité des missiles. Une information non confirmée par le Hezbollah à ce stade.
Cette offensive intervient alors que les tensions entre les deux pays sont exacerbées depuis plusieurs semaines. Israël accuse le Hezbollah, soutenu par l’Iran, de se réarmer massivement en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui avait mis fin à la guerre de 2006. De son côté, le mouvement chiite dénonce les violations répétées par Israël de l’espace aérien et des eaux territoriales libanaises.
Crainte d’une confrontation généralisée
La communauté internationale redoute qu’un incident ne dégénère en confrontation ouverte entre Israël et le Hezbollah, avec le risque d’embraser tout le Liban, voire la région. En coulisses, la France, les États-Unis et l’ONU multiplient les efforts diplomatiques pour tenter de calmer le jeu. Mais sur le terrain, chaque camp semble déterminé à faire monter les enchères.
“Israël a franchi une ligne rouge en s’en prenant directement à notre leadership. Nous riposterons au moment et à l’endroit de notre choix”, a averti un porte-parole du Hezbollah.
Déclaration d’un porte-parole du Hezbollah
De son côté, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son pays était prêt à mener “une guerre d’ampleur” pour défendre ses intérêts. Dans ce contexte, le risque d’engrenage militaire incontrôlé n’a jamais semblé aussi élevé entre les deux ennemis jurés.
Appels au cessez-le-feu
Face à cette escalade dangereuse, les appels au cessez-le-feu et à la retenue se multiplient dans les capitales occidentales et arabes. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pourrait se tenir dans les prochains jours pour tenter de désamorcer la crise.
“Il faut absolument éviter que la situation ne dégénère. Toutes les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue”, a exhorté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Appel à la retenue d’Antonio Guterres
Mais au Liban comme en Israël, les opinions publiques semblent se préparer à un nouveau round de violences. Quinze ans après la dévastatrice guerre de 2006, les plaies sont encore à vif et la méfiance est totale entre les deux voisins.
Conséquences humanitaires
Sur le plan humanitaire, ces affrontements font craindre le pire dans un Liban déjà exsangue, miné par une crise économique et sociale sans précédent. Des milliers de civils ont déjà fui la banlieue sud de Beyrouth, théâtre des combats, pour se réfugier dans d’autres quartiers ou des villes plus sûres du pays.
- De nombreux immeubles d’habitation, écoles et hôpitaux ont été endommagés ou détruits par les frappes israéliennes.
- Les coupures d’électricité et d’eau se multiplient, aggravant les conditions de vie déjà très précaires de la population.
- Les organisations humanitaires peinent à accéder aux zones de combat pour porter secours aux blessés et aux déplacés.
Dans ce contexte, l’ONU et les ONG lancent un appel urgent à la communauté internationale pour mobiliser une aide d’urgence en faveur des populations civiles prises au piège des violences.
Quel avenir pour le Liban ?
Au-delà de la crise immédiate, ce nouvel accès de fièvre fait ressurgir les questionnements sur l’avenir du Liban, petit pays profondément divisé et fragilisé par des décennies de guerres et d’ingérences étrangères. Nombre d’observateurs craignent que ce conflit avec Israël n’achève de déstabiliser durablement le pays du Cèdre.
Alors que l’économie libanaise est déjà à genoux, avec une monnaie qui a perdu 90% de sa valeur, un taux de pauvreté explosif et une classe politique totalement discréditée, une nouvelle guerre pourrait signer l’effondrement définitif des institutions étatiques. De quoi nourrir un peu plus le chaos régional et offrir des opportunités en or aux groupes extrémistes de tous bords.
“Le Liban est au bord du gouffre. Si le cycle de la violence n’est pas stoppé très vite, c’est la survie même du pays qui sera en jeu”, alerte un diplomate occidental.
Un diplomate occidental
Une impasse diplomatique
Pour l’heure, aucune issue diplomatique ne semble en vue. Washington, allié clé d’Israël, est davantage préoccupé par sa rivalité stratégique avec l’Iran que par la stabilisation du Liban. Quant aux puissances régionales impliquées dans la crise, comme la Syrie, l’Arabie Saoudite ou la Turquie, elles semblent surtout chercher à se positionner en vue de l’après-conflit.
Face à cette impasse, l’Europe, longtemps en pointe sur le dossier libanais, peine à se faire entendre. Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a bien déploré que “personne ne puisse arrêter Netanyahu” dans sa fuite en avant guerrière contre le Hezbollah. Mais les capitales européennes restent très divisées et manquent singulièrement de leviers pour peser sur le cours des événements.
Pendant ce temps, au Liban et en Israël, les armes continuent de parler. Et chaque jour qui passe rend un peu plus improbable le retour à la paix entre ces frères ennemis d’un Proche-Orient à la dérive. Au risque de précipiter toute la région dans l’abîme.
