Une polémique secoue actuellement la scène politique en Israël. Le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a été contraint de présenter des excuses publiques après avoir ouvertement critiqué un projet de loi en cours d’examen au Parlement. Cette prise de position inhabituelle pour un haut gradé a suscité de vives réactions.
Un projet de loi qui divise
Le projet de loi en question, porté par des députés du parti Likoud du Premier ministre Benyamin Netanyahou, vise à empêcher que des soldats ou des membres de l’establishment de la Défense soient poursuivis pour avoir transmis des documents confidentiels sans autorisation préalable. Une mesure jugée « très dangereuse » par Daniel Hagari.
Ce projet de loi pourrait permettre à tout membre subalterne de l’armée de voler des renseignements de son propre chef (…) cela met en danger la vie des gens et des combattants. C’est dangereux pour l’armée et pour la sécurité du pays.
Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne
Des propos sans détour qui n’ont pas manqué de faire réagir la classe politique. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’est dit satisfait de la réprimande adressée au porte-parole par le chef d’état-major de l’armée.
L’armée rappelée à son devoir de réserve
Pour le chef du gouvernement, cette prise de position publique d’un haut gradé sur un sujet politique est inacceptable dans une démocratie :
Dans un pays démocratique, l’armée ne doit pas intervenir dans les affaires politiques et certainement pas critiquer la législation.
Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien
Suite à la polémique, Daniel Hagari a rapidement présenté ses excuses, reconnaissant avoir outrepassé ses prérogatives en tant que porte-parole de l’armée. Il a rappelé la subordination de l’armée au pouvoir politique dans un État démocratique comme Israël.
Un précédent rappel à l’ordre
Ce n’est pas la première fois que ce porte-parole au verbe haut est rappelé à l’ordre. En juin dernier, il avait qualifié de « poudre aux yeux » l’idée qu’on pourrait « faire disparaître » le Hamas. Des propos jugés déplacés par le gouvernement en place.
Cet épisode illustre les tensions qui peuvent exister entre le pouvoir politique et l’armée en Israël sur des sujets sécuritaires sensibles. Il soulève aussi la question du devoir de réserve des hauts responsables militaires dans le débat public.
Les leçons à tirer
Au-delà de la polémique, cette affaire est l’occasion de rappeler quelques principes fondamentaux :
- Dans une démocratie, l’armée est subordonnée au pouvoir civil élu
- Les militaires, même haut gradés, sont tenus à un devoir de réserve sur les sujets politiques
- Le débat parlementaire doit pouvoir se tenir librement, sans pression de l’institution militaire
- La sécurité nationale est l’affaire de tous et mérite un débat apaisé et responsable
Gageons que cet épisode servira de rappel salutaire sur la place de chacun dans le débat démocratique israélien. L’examen parlementaire du projet de loi controversé devrait se poursuivre dans un climat plus serein, loin des déclarations intempestives.