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Israël : Itamar Ben Gvir Menace De Quitter Le Gouvernement Sur Fond De Trêve Avec Le Hamas

Israël au bord de l'implosion ? Le ministre Itamar Ben Gvir menace de claquer la porte du gouvernement si une trêve "irresponsable" est conclue avec le Hamas. Quels sont les enjeux de cet accord qui divise jusqu'au plus haut sommet de l'État ?

Une bombe à retardement au cœur du gouvernement israélien ? C’est ce que laisse présager la menace d’Itamar Ben Gvir, sulfureux ministre de la Sécurité nationale et chef de file de l’extrême-droite, de claquer la porte de la coalition si l’accord de trêve « irresponsable » avec le Hamas venait à être entériné. Un ultimatum qui place le Premier ministre Benyamin Netanyahou dans une position délicate et ravive les tensions autour du conflit israélo-palestinien.

Itamar Ben Gvir, la menace venue de l’intérieur

Figure controversée de la politique israélienne, Itamar Ben Gvir n’a pas tardé à faire parler de lui depuis son entrée fracassante au gouvernement fin 2022. Partisan d’une ligne dure face aux Palestiniens, il a multiplié les déclarations incendiaires et les coups d’éclat, à l’image de sa visite provocatrice sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est en janvier dernier.

Cette fois, c’est sur le dossier brûlant des négociations avec le Hamas que le ministre a décidé de monter au créneau. Lors d’une conférence de presse musclée jeudi soir, il a affirmé sans détour que son parti, Force juive, ne ferait « plus partie du gouvernement » si l’accord de trêve « irresponsable » négocié avec le mouvement islamiste était « approuvé et mis en œuvre ». Un chantage assumé, destiné à torpiller un processus qu’il juge inacceptable.

Un accord en trois phases qui divise

C’est que la trêve qui se profile a de quoi hérisser les partisans de la manière forte. Obtenu après d’intenses tractations sous l’égide du Qatar, des États-Unis et de l’Égypte, l’accord doit se déployer en trois phases et prévoit notamment un échange de prisonniers, avec la libération par Israël de centaines de Palestiniens en échange d’otages capturés par le Hamas lors de l’attaque sans précédent du 7 octobre 2023.

Un compromis en forme de reculade pour Itamar Ben Gvir, qui préconise au contraire un durcissement des conditions : « Pour la libération des otages, il faut arrêter complètement l’aide humanitaire envoyée à Gaza », a-t-il martelé. « A cette condition seulement, le Hamas libérera nos otages sans mettre en péril la sécurité d’Israël. »

Netanyahou pris en étau

Face à cette fronde, le Premier ministre Benyamin Netanyahou se retrouve pris en tenaille. D’un côté, il ne peut se permettre de voir sa majorité s’effriter avec le départ d’Itamar Ben Gvir et de ses alliés. De l’autre, renoncer à l’accord de trêve serait un camouflet diplomatique et un aveu d’impuissance face au Hamas.

Pour l’heure, le chef du gouvernement semble déterminé à tenir bon. Selon des sources proches de son parti, le Likoud, Netanyahou est « assuré d’obtenir la majorité des voix au sein du cabinet sur l’accord de trêve » et celui « qui démantèlera un gouvernement de droite sera pour toujours dans l’opprobre ». Un avertissement à peine voilé à l’attention de son turbulent ministre.

Gaza, l’éternel point de crispation

Au-delà des enjeux de politique intérieure, la crise qui couve rappelle combien la question de Gaza demeure explosive. 15 mois après l’offensive dévastatrice de l’été 2023, l’enclave palestinienne peine toujours à se relever. Et si le cessez-le-feu globalement respecté depuis a permis d’apaiser temporairement les tensions, il apparaît aujourd’hui bien fragile face aux menaces qui se profilent.

Le statu quo est intenable à Gaza. Sans perspective politique et avec une situation humanitaire qui continue de se dégrader, le risque d’un nouvel embrasement est réel.

– Un diplomate occidental en poste dans la région

Un constat partagé par de nombreux observateurs, qui pointent l’urgence de trouver une solution pérenne pour sortir Gaza de l’ornière. Mais dans un contexte de tensions permanentes et de blocage politique, les défis restent immenses. Et les surenchères de part et d’autre, comme celle d’Itamar Ben Gvir, n’augurent rien de bon pour l’avenir.

Quel avenir pour le processus de paix ?

Car au-delà de Gaza, c’est bien la question lancinante de la paix israélo-palestinienne qui se pose une nouvelle fois en filigrane. Enlisé depuis des années, le processus apparaît aujourd’hui dans une impasse totale, sur fond de violences récurrentes et de colonisation rampante des Territoires occupés.

Dans ce contexte, l’intransigeance affichée par Itamar Ben Gvir et ses alliés ne risque pas d’arranger les choses. Bien au contraire. En fragilisant le gouvernement et en attisant les tensions, ils contribuent à éloigner un peu plus la perspective d’une reprise du dialogue et d’avancées politiques.

Israël à la croisée des chemins

Face à ces défis, Israël apparaît aujourd’hui à la croisée des chemins. Tiraillé entre les exigences sécuritaires, les impératifs diplomatiques et les pressions de son aile droite, le pays semble plus que jamais divisé sur la marche à suivre.

Une chose est sûre : la menace brandie par Itamar Ben Gvir est révélatrice des profondes fractures qui traversent la société et la classe politique israéliennes. Des fractures qui risquent de peser lourd dans les mois à venir, alors que se profile l’échéance cruciale de la mise en œuvre de l’accord de trêve avec le Hamas.

Benyamin Netanyahou parviendra-t-il à garder le cap malgré les vents contraires ? L’avenir du gouvernement israélien, et peut-être celui de tout le processus de paix, en dépend largement. Une chose est sûre : tous les regards seront braqués sur Jérusalem dans les prochaines semaines, dans l’attente fébrile du prochain round de ce bras de fer à haut risque.

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