L’armée israélienne a lâché une bombe dans la soirée du mardi 22 octobre. Dans un communiqué laconique, elle a confirmé avoir “éliminé”, début octobre lors d’une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, le successeur présumé de Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, Hachem Safieddine.
Un haut dirigeant du Hezbollah visé
Selon les informations communiquées par l’état-major israélien, Hachem Safieddine aurait été tué aux côtés d’Ali Hussein Hazima, lui aussi haut responsable du mouvement chiite. Cette annonce intervient alors que le Hezbollah n’a pas réagi dans l’immédiat.
D’après une source proche du dossier, Safieddine, âgé d’une soixantaine d’années, ressemblait de façon frappante à son cousin Hassan Nasrallah. Barbe grise, lunettes et turban noir des descendants de Mahomet, il était pressenti pour succéder au leader emblématique du Hezbollah, tué le 27 septembre dans un raid israélien.
Presque tous les hauts dirigeants “atteints”
Le général Herzi Halevi, chef d’état-major de Tsahal, se félicite d’avoir “eu Nasrallah, son remplaçant et la plupart des hauts dirigeants du Hezbollah”. Un responsable du mouvement avait indiqué dès le 5 octobre avoir “perdu le contact” avec Safieddine suite à des frappes israéliennes.
Nous atteindrons quiconque menace la sécurité des citoyens de l’État d’Israël.
Communiqué de l’armée israélienne
Benyamin Netanyahou avait annoncé l’élimination
Dans une vidéo adressée aux Libanais le 8 octobre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait déclaré qu’Israël avait “éliminé des milliers de terroristes, dont Nasrallah, le remplaçant de Nasrallah et le remplaçant de son remplaçant”. Le porte-parole de l’armée avait alors confirmé une frappe sur un “quartier général” du Hezbollah à Beyrouth, où se trouvait probablement Safieddine, sans confirmer sa mort.
Tensions ravivées dans la région
Cette annonce risque de raviver les tensions déjà vives dans la région, alors que de violents affrontements opposent Israël et des groupes armés palestiniens à Gaza depuis fin septembre. Le spectre d’une escalade incontrôlable, voire d’un nouveau conflit ouvert, plane plus que jamais sur le Moyen-Orient.
La disparition coup sur coup des deux figures historiques du Hezbollah, mouvement soutenu par l’Iran qui a juré la destruction de l’État hébreu, risque de déstabiliser davantage le fragile équilibre géopolitique. Tous les regards sont désormais braqués sur la réaction du Hezbollah et de ses parrains iraniens.
Craintes pour la stabilité du Liban
Au Liban même, déjà miné par une profonde crise économique et politique, les inquiétudes montent quant aux répercussions de cette nouvelle escalade. Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a fait part de ses craintes d’une “guerre civile imminente”. L’ONU a condamné “les dégâts considérables” causés aux infrastructures civiles par les frappes israéliennes.
Selon des experts de la région, l’élimination des têtes pensantes du Hezbollah pourrait soit affaiblir significativement le mouvement, soit au contraire le radicaliser et pousser ses éléments les plus durs à répliquer avec force. Un dangereux engrenage que redoutent les chancelleries occidentales.
Retombées sur la présidentielle américaine
Outre-Atlantique, l’embrasement au Moyen-Orient n’est pas sans conséquences sur la campagne pour la présidentielle de novembre. Le dossier sécuritaire et la politique étrangère s’invitent dans le débat. Le président Joe Biden, critiqué pour son effacement, est sous pression pour adopter une ligne plus dure face à l’Iran.
Son concurrent républicain Mike Pence, fervent soutien d’Israël, n’a pas manqué de pointer du doigt la “faiblesse” démocrate et d’appeler à un soutien indéfectible à l'”allié” israélien. Un positionnement qui pourrait s’avérer payant dans les urnes, tant l’opinion américaine s’alarme de la situation explosive au Moyen-Orient.
Une fois de plus, les développements dramatiques dans cette poudrière qu’est le Proche-Orient risquent d’avoir un impact décisif sur l’échiquier géopolitique mondial. Et de rappeler, s’il en était besoin, que la région concentre plus que jamais tous les ingrédients d’une déflagration aux conséquences incalculables.
