Une guerre dévastatrice fait rage au sud du Liban, où Israël mène une campagne intensive de bombardements et de destructions depuis le 23 septembre. Selon des experts et responsables libanais, l’objectif serait de créer une zone tampon inhabitable le long de la frontière pour empêcher le retour du Hezbollah dans la région après la fin des combats.
Des villages du sud du Liban rasés par les bombardements israéliens
D’après des sources proches du dossier, près d’une vingtaine de villages frontaliers entre le Liban et Israël ont été détruits à 70% depuis le début de cette intense campagne militaire israélienne visant le mouvement chiite pro-iranien Hezbollah. Des images satellites révèlent l’ampleur des dégâts, avec des localités entières réduites en ruines.
L’offensive terrestre lancée le 30 septembre par Tsahal a accentué les destructions, de nombreux bâtiments étant dynamités. Pour Peter Harling, du centre de recherche Synaps à Beyrouth, Israël semble vouloir rendre la zone frontalière “inhabitable” en rasant les villages.
L’objectif israélien : repousser la menace du Hezbollah
Si la conquête du Sud-Liban ne serait pas le but recherché, des analystes israéliens estiment qu’il s’agit surtout pour Israël d’éloigner la menace que représente le Hezbollah pour le nord du pays. Orna Mizrahi, experte de l’Institut d’études de sécurité nationale, explique :
Il s’agit juste d’avoir une certaine garantie que le Hezbollah ne soit plus proche de la frontière et ne puisse plus lancer des attaques contre le nord d’Israël. C’est le but principal, nous ne voulons pas du Hezbollah là-bas.
Cette offensive intervient après environ un an d’échanges de tirs quasi quotidiens à la frontière, le Hezbollah disant agir en solidarité avec le Hamas palestinien à Gaza. Hachem Haïdar, du Conseil du sud au Liban, affirme que l’objectif est de créer “une zone tampon inhabitable”, avec 45 000 habitations détruites dans 18 villages.
Des villages entiers rayés de la carte
À Maïss al-Jabal, plus de 1000 bâtiments ont été ciblés. Le maire Choucair dénonce une volonté israélienne de “transformer la région frontalière en terre brûlée”, sans épargner écoles, mosquées, infrastructures et même cimetières. Dans les villages de Yaroun, Mheibib ou Aïta Al-Chaab, de 60% à 84% des bâtiments sont en ruines.
Pour l’expert militaire Hassan Jouni, ces destructions massives visent à dégager le champ de vision israélien en créant une zone exposée à sa surveillance. L’incendie des régions boisées entourant les villages, possiblement au phosphore blanc selon les autorités libanaises, participerait de cette stratégie.
Empêcher un retour du Hezbollah en évitant un “nouveau Gaza”
Après son retrait du Liban en 2000 sous les coups du Hezbollah et une guerre en 2006, Israël veut éviter de revivre le scénario de Gaza à sa frontière nord. Une zone tampon rendrait impossible pour le mouvement chiite de “rééditer l’expérience du 7 octobre”, lorsque le Hamas a attaqué en territoire israélien, déclenchant l’actuelle guerre à Gaza.
Des unités d’élite du Hezbollah, accusées par Israël de préparer des attaques, ont été décapitées par des frappes ciblées. Mais l’objectif va plus loin, comme l’explique l’analyste Calev Ben-Dor : outre les roquettes, une “zone de sécurité” empêcherait le Hezbollah de revenir s’implanter dans le sud.
Des négociations sous l’égide de l’ONU pour un retrait du Hezbollah
Les efforts diplomatiques en cours, via une médiation américaine, visent à obtenir un cessez-le-feu avec l’application intégrale de la résolution de l’ONU prévoyant le retrait du Hezbollah de cette zone, où seuls l’armée libanaise et les Casques bleus seraient déployés.
Mais pour certains, comme le général à la retraite Jouni, cette tactique est vouée à l’échec car “les gens reviendront et rebâtiront leurs maisons en cas d’accord politique”. La question de la reconstruction et du retour des populations déplacées s’annonce cruciale dans ces villages martyrs du sud du Liban, nouveau théâtre de l’affrontement entre Israël et le Hezbollah.
