Un coup de tonnerre dans le ciel libanais. Début octobre, l’armée israélienne a frappé le cœur du Hezbollah en “éliminant” Hachem Safieddine, le successeur pressenti du chef du mouvement Hassan Nasrallah, lui-même tué fin septembre. Une énième escalade dans le conflit qui oppose Israël au Hezbollah depuis des mois et qui ne semble pas près de s’apaiser.
Safieddine, l’héritier de Nasrallah
Âgé d’une soixantaine d’années, Hachem Safieddine était membre du Conseil de la Choura, l’organe dirigeant du Hezbollah. Selon une source proche du mouvement, il était le “candidat le plus susceptible” de succéder à Hassan Nasrallah, avec qui il partageait une ressemblance frappante. Barbe grise, lunettes et turban noir des descendants de Mahomet, Safieddine semblait taillé pour prendre les rênes du Hezbollah.
Mais le 4 octobre, le contact avec lui a été “perdu” après des frappes israéliennes près de Beyrouth, selon un responsable du mouvement. Quelques jours plus tard, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est félicité dans une vidéo d’avoir “éliminé des milliers de terroristes dont Nasrallah et le remplaçant de Nasrallah et le remplaçant de son remplaçant”. Sans le nommer, il faisait référence à Safieddine.
L’armée israélienne confirme
Mardi soir, l’armée israélienne a officialisé la mort de Safieddine, ainsi que celle d’un autre haut responsable du Hezbollah, Ali Hussein Hazima, dans un communiqué. “Lors d’une frappe il y a environ trois semaines, Hachem Safieddine, chef du Conseil exécutif de l’organisation terroriste du Hezbollah a été tué” dans la banlieue sud de Beyrouth, selon l’armée.
Le général Herzi Halevi, chef d’état-major de Tsahal, a affirmé avoir eu “Nasrallah, son remplaçant et la plupart des hauts dirigeants du Hezbollah”, menaçant : “Nous atteindrons quiconque menace la sécurité des citoyens de l’Etat d’Israël”. Le Hezbollah n’a pas réagi dans l’immédiat à ces annonces.
Escalade meurtrière
Ces frappes s’inscrivent dans le cadre de l’offensive lancée par Israël contre le Hezbollah depuis la mi-septembre. Après près d’un an de guerre contre le Hamas palestinien à Gaza, l’État hébreu est passé à l’attaque au Liban dans le but de faire cesser les tirs de roquettes du Hezbollah et de faire rentrer chez eux les milliers d’Israéliens déplacés dans le nord du pays.
Des frappes massives ont été menées dès le 23 septembre, une semaine avant le déclenchement d’une opération terrestre de Tsahal dans le sud du Liban. Le bilan est lourd : au moins 1 552 personnes ont été tuées côté libanais selon un décompte de l’AFP, en grande majorité des combattants du Hezbollah mais aussi des civils.
Avec la mort de Safieddine, c’est un nouveau coup dur pour le Hezbollah, mais le mouvement a montré par le passé sa capacité de résilience. Il faudra suivre de près sa riposte.
– Un expert de la région
Quelle suite pour le conflit ?
Si la perte de ses principaux dirigeants fragilise indéniablement le Hezbollah, le mouvement chiite dispose encore de puissants soutiens, notamment de l’Iran, et conserve de solides bases au Liban. Nul doute qu’il tentera de venger ses chefs et de poursuivre la lutte contre Israël.
Côté israélien, le gouvernement semble déterminé à poursuivre son offensive jusqu’à ce que la menace des roquettes soit écartée. Mais une prolongation du conflit risque d’entraîner le Liban, déjà miné par une profonde crise économique et politique, dans le chaos.
La communauté internationale, jusqu’ici en retrait, parviendra-t-elle à imposer un cessez-le-feu et une reprise des négociations ? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines pour éviter un embrasement général de la région. Un scénario catastrophe que personne ne souhaite voir se produire.