La scène politique israélienne vient de connaître un nouveau coup de théâtre : Benny Gantz, chef du parti centriste Bleu Blanc, a annoncé dimanche sa démission fracassante du gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu. Une décision lourde de conséquences dans un pays déjà plongé dans de profondes crises.
Benny Gantz claque la porte sur fond de désaccords stratégiques
Bien que membre de l’opposition, Benny Gantz avait accepté de rejoindre le cabinet de guerre mis en place après l’attaque terroriste du 7 octobre à Gaza. Mais les désaccords avec Benjamin Netanyahu étaient notoires, notamment sur la gestion du conflit avec le Hamas et les objectifs militaires poursuivis.
Netanyahu empêche une vraie victoire à Gaza tant les considérations politiques se mettent en travers des décisions stratégiques.
– Benny Gantz
Au-delà de Gaza, Benny Gantz reproche à Netanyahu de ne pas régler une série de dossiers cruciaux pour le pays :
- Le retour des otages israéliens encore aux mains du Hamas
- L’après-guerre et la mise en place d’une alternative politique au Hamas à Gaza
- Le retour des 60 000 Israéliens évacués du nord du pays
- Une éventuelle normalisation avec l’Arabie Saoudite
- La conscription des ultraorthodoxes
Une démission aux lourdes conséquences
Avec le départ de Benny Gantz, Benjamin Netanyahu se retrouve privé d’une présence modérée au sein de son gouvernement. Il est désormais condamné à gouverner uniquement avec ses alliés ultraorthodoxes et sionistes religieux, aux positions souvent radicales.
Si sa majorité à la Knesset n’est pas menacée, Netanyahu risque néanmoins de se retrouver dans une impasse politique. Les ultraorthodoxes refusent catégoriquement de renoncer à l’exemption de service militaire dont bénéficient les étudiants en religion. Quant aux partis de Smotrich et Ben Gvir, ils voient surtout dans le conflit à Gaza l’opportunité d’en expulser les Palestiniens pour y implanter des colonies.
Benny Gantz, nouveau leader de l’opposition
En claquant la porte, Benny Gantz s’impose comme la nouvelle figure de proue de l’opposition, ravissant ce rôle à Yaïr Lapid. Son parti Bleu Blanc caracole en tête des sondages depuis des mois. Son objectif sera désormais de précipiter de nouvelles élections, alors que le mandat de Benjamin Netanyahu court normalement jusqu’en 2026.
En quittant le gouvernement sur ces six points, Benny Gantz pose les éléments structurant sa vision de la politique étrangère d’Israël. Cela lui permettra d’installer un clivage avec Benyamin Netanyahou.
– David Khalfa, analyste
La démission de Benny Gantz intervient alors qu’Israël traverse l’une des périodes les plus tendues et instables de son histoire récente. Enlisé dans une guerre à Gaza qui semble sans fin, confronté à de vives tensions internes, notamment autour de la réforme judiciaire, le pays semble plus que jamais au bord de l’implosion. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour son avenir.