Dix ans après l’effroyable massacre de Charlie Hebdo, les leçons du drame ont-elles été retenues ? Pour l’expert en sécurité Éric Delbecque, la réponse est non. Pas du côté des élites en tout cas. Dans un essai coup de poing, il pointe du doigt tous ceux qui persistent à ignorer la menace islamiste : politiques, intellectuels, médias, universitaires… Eux qu’il qualifie « d’irresponsables ». Leur tort ? Ne pas vouloir regarder la réalité en face, préférer l’observer à travers le prisme déformant de l’idéologie. Un aveuglement coupable et dangereux.
Le peuple, lui, a compris
Car pendant ce temps, souligne Delbecque, le peuple français, lui, a pris la mesure du péril. Les citoyens ordinaires, ceux qui vivent les conséquences de l’islamisme au quotidien, ont compris. Ils voient les pressions communautaristes s’accentuer, les revendications religieuses s’afficher, la République reculer. Ils pressentent que la partition menace si rien n’est fait. Ce décalage abyssal entre le pays réel et ses prétendues élites est explosif.
C’est peu dire qu’Éric Delbecque n’y va pas avec le dos de la cuillère. Mais l’urgence est là, martèle-t-il. Si nous ne voulons pas voir notre pays devenir « un nouveau Fort Alamo », il est plus que temps de se réarmer. Intellectuellement, moralement, et même tactiquement. Car en face, l’ennemi, lui, est sur le pied de guerre. La « guerre cognitive », comme il l’appelle.
Une « guerre cognitive » à mener
Ce concept est au cœur de son analyse. Pour l’expert, les islamistes mènent un combat avant tout psychologique, visant à imposer leur vision du monde, leur grille de lecture. Une « guerre cognitive » dans laquelle tous les moyens sont bons : la propagande, la désinformation, l’intimidation… Et cette offensive est redoutablement efficace.
Si une guerre se gagne sur le champ de bataille des perceptions, alors les islamistes sont en train de la remporter haut la main
Éric Delbecque dans son dernier ouvrage
Face à cela, nous sommes d’une faiblesse affligeante, accuse-t-il. Pire, les islamistes ont infiltré nos propres armes pour les retourner contre nous :
- Nos concepts (l' »islamophobie » pour faire taire les critiques)
- Nos valeurs (les droits de l’Homme pour nous paralyser)
- Nos institutions (les tribunaux pour nous attaquer, les universités pour endoctriner)
Utilisant nos propres « virus idéologiques » pour nous affaiblir de l’intérieur, ils avancent leurs pions. Et gare à ceux qui voudraient s’opposer à eux, ils se retrouvent vite cloués au pilori, victimes d’intimidations, de poursuites, de menaces. Une stratégie d’ores et déjà payante.
Le déni des élites, un danger mortel
Pendant ce temps-là, au sommet de l’État et dans les sphères culturelles, c’est le déni qui l’emporte. On refuse de nommer l’ennemi, on s’égare dans les euphémismes et la langue de bois. Quand on ne relativise pas la menace, quand on n’accuse pas ceux qui la dénoncent de tous les maux. Un deux poids deux mesures permanent qui exaspère l’opinion, persuadée qu’on lui ment.
Pourtant, prévient Delbecque, le temps presse. Les dix années écoulées depuis la tragédie de Charlie Hebdo ont été dix années de perdues. Dix années qui ont permis à l’islamisme de prospérer sur notre sol. Si nous ne réagissons pas maintenant, il sera bientôt trop tard.
Oser nommer, pour mieux combattre
Alors que faire ? L’auteur en appelle d’abord à un sursaut de lucidité. Il est urgent de regarder la réalité en face, sans filtre idéologique. Nommer les choses, c’est déjà commencer à les combattre. Les mots ont un pouvoir, et il est temps de reprendre la main dans la bataille du vocabulaire.
Il faut aussi agir, et vite. Renforcer notre arsenal législatif, appliquer les lois avec fermeté, mieux former nos élites… Des pistes qu’Éric Delbecque développe, pour garder espoir malgré la noirceur du constat. La guerre cognitive ne fait que commencer, à nous d’en écrire les prochaines pages. En remportant d’abord la bataille dans nos esprits.