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Ishiba promet des « discussions franches » avec Trump

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba promet des "discussions franches" avec le président américain Donald Trump pour renforcer leur alliance face à la montée en puissance de la Chine. Mais des tensions commerciales pourraient émerger...

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a assuré ce vendredi qu’il aurait des « discussions franches » avec le président américain nouvellement élu Donald Trump, dans l’objectif de porter l’alliance entre Tokyo et Washington « à de nouveaux sommets ». Une promesse faite alors que les deux pays alliés font face à des défis sécuritaires croissants dans la région indo-pacifique, sur fond de montée en puissance de la Chine.

Devant le Parlement japonais, M. Ishiba a souligné la nécessité pour le Japon et les États-Unis de coopérer afin de garantir une zone indo-pacifique « libre et ouverte ». Un message adressé alors que l’administration Trump défend une politique plus isolationniste et que des tensions persistent autour de Taïwan et des îles disputées en mer de Chine.

Un partenariat à renforcer malgré les différences

« Naturellement, les États-Unis ont leurs propres intérêts nationaux, et le Japon a les siens. Avoir des échanges de vues francs et renforcer les intérêts nationaux respectifs de nos deux pays contribuera à concrétiser un Indo-Pacifique libre et ouvert », a martelé le dirigeant japonais. Une manière de souligner l’importance de ce partenariat stratégique malgré les différences d’approche.

Tokyo s’inquiète en effet autant du programme nucléaire nord-coréen, que Donald Trump avait traité par la diplomatie lors de son premier mandat, que des ambitions territoriales chinoises. Pékin considère Taïwan comme l’une de ses provinces et n’exclut pas une réunification par la force, une éventualité qui alarme le Japon. Comme l’a résumé Shigeru Ishiba début octobre: « l’Ukraine d’aujourd’hui pourrait préfigurer l’Asie orientale de demain« .

L’épineuse question des dépenses militaires

Pour Tokyo, « l’alliance américano-japonaise est le fondement de la diplomatie et de la sécurité » du pays. Les États-Unis assurent de facto la protection du Japon grâce aux quelque 54 000 militaires américains déployés sur le territoire, notamment à Okinawa. Mais Donald Trump a déjà suggéré qu’il exigerait des alliés de dépenser davantage pour leur propre défense.

Une demande anticipée par le Japon, qui a entrepris d’augmenter ses dépenses militaires pour qu’elles atteignent 2% de son PIB d’ici 2027. Shigeru Ishiba a d’ailleurs rappelé que « les États-Unis tirent de grands avantages stratégiques des installations de leur armée au Japon ». Une manière de faire valoir la contribution nippone à ce partenariat.

Coopérer avec la Chine malgré les accrocs

En parallèle, M. Ishiba a assuré qu’il chercherait à tisser des liens « constructifs » avec Pékin. Il a évoqué ses entretiens « stimulants » avec le président Xi Jinping en marge d’un sommet régional en novembre. « Nous réaffirmerons ce qui doit l’être, mais nous coopérerons également là où nous le pouvons. Le développement stable de la Chine profite à toute la région« , a-t-il estimé.

Une volonté de dialogue mise à mal par des incidents récents : en août, un avion militaire chinois a survolé l’espace aérien japonais pour la première fois, suivi en septembre par le passage inédit d’un porte-avions entre deux îles nippones près de Taïwan. Des accrocs qui n’empêchent pas Tokyo de miser sur la coopération.

Le spectre d’une guerre commerciale

Si la sécurité est au cœur des discussions nippo-américaines, le commerce pourrait s’inviter dans l’équation. En annonçant lundi des taxes douanières visant la Chine, le Mexique et le Canada, le président Trump a ravivé la perspective de tensions commerciales tous azimuts. De quoi inquiéter le Japon, même s’il n’est pas directement ciblé pour le moment.

Des géants japonais comme Honda et Toyota, qui produisent au Mexique, ont ainsi dévissé en Bourse. Tokyo craint aussi des pressions pour durcir ses restrictions sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine. Un bras de fer commercial aurait un impact « énorme » selon le patronat nippon, pénalisant in fine les États-Unis eux-mêmes.

M. Ishiba n’a pas abordé frontalement le sujet ce vendredi. Mais le Japon, qui a vu son excédent commercial avec les États-Unis gonfler de 34% en 2023, sait que la menace plane. Renforcer l’alliance sécuritaire avec Washington tout en préservant ses intérêts économiques : un délicat numéro d’équilibriste qui attend le Premier ministre japonais.

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