Isabel dos Santos, femme d’affaires angolaise de renom et fille de l’ancien président José Eduardo dos Santos, fait l’objet d’une enquête judiciaire dans son pays pour des soupçons de malversations. Recherchée par les autorités, elle a récemment dénoncé dans un communiqué ce qu’elle qualifie de “procès politique” orchestré contre elle.
Mme dos Santos, qui était considérée comme la femme la plus riche d’Afrique, se dit victime d’une cabale menée par le pouvoir en place. Elle assure que cette procédure judiciaire vise en réalité “la fille de l’ancien président de l’Angola”, décédé en 2022 après 38 années de règne sans partage sur ce pays riche en hydrocarbures.
Isabel dos Santos refuse de se livrer à la justice
Face aux accusations portées contre elle, notamment pour des irrégularités présumées lors de son passage à la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol entre 2016 et 2017, Isabel dos Santos adopte une posture de défi. Dans son communiqué relayé par les médias portugais, elle affirme:
Je ne suis pas une fugitive. Les déclarations du procureur de la République confirment que je ne me trouve pas dans un endroit inconnu.
La femme d’affaires de 51 ans assure avoir “toujours été disponible” pour répondre à la justice. Elle regrette cependant ne pas être en mesure de se défendre et “prouver son innocence” en raison du secret de l’instruction qui la priverait d’un accès au dossier.
Un mandat d’arrêt international lancé
Le bras de fer entre Isabel dos Santos et les autorités angolaises s’est encore durci cette semaine. Lors d’une rencontre à Lisbonne avec son homologue portugais, le procureur général d’Angola Helder Pitta Groz a révélé qu’un mandat d’arrêt international avait été émis il y a plus d’un an pour appréhender Isabel dos Santos, actuellement en exil à Dubaï.
M. Pitta Groz a exhorté la principale intéressée à “se mettre à disposition de la justice afin que l’enquête puisse se poursuivre”, que ce soit “par une détention ou en se présentant de son plein gré”. Selon lui, c’est le meilleur moyen pour elle de démontrer qu’il s’agit effectivement d’un procès à charge.
Isabel dos Santos dans le viseur d’autres pays
Les déboires judiciaires d’Isabel dos Santos ne se limitent pas aux frontières de l’Angola. Depuis la publication en 2020 de l’enquête “Luanda Leaks” par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui a mis en lumière l’origine douteuse de son immense fortune, la femme d’affaires est dans le collimateur de la justice de plusieurs pays, dont le Portugal.
Cette vaste investigation basée sur des fuites de documents a exposé les montages financiers opaques et les transactions suspectes qui auraient permis à Isabel dos Santos de s’enrichir considérablement lorsque son père était au pouvoir, en détournant les fonds des entreprises publiques angolaises comme la Sonangol.
Une chute brutale pour la “princesse” de Luanda
La disgrâce d’Isabel dos Santos marque un spectaculaire renversement de fortune pour celle qu’on surnommait la “princesse” de Luanda. Propulsée au sommet des affaires grâce à la bienveillance de son père, elle a longtemps été perçue comme une success story à l’africaine, bâtissant un véritable empire dans des secteurs stratégiques comme le pétrole, les télécoms ou les diamants.
Mais depuis le départ du pouvoir de José Eduardo dos Santos en 2017 et son remplacement par João Lourenço, Isabel dos Santos fait l’objet d’une vaste opération “mains propres”. Ses avoirs ont été gelés, ses sociétés saisies et ses comptes bancaires bloqués dans le cadre des poursuites engagées.
Malgré les lourdes charges qui pèsent contre elle, Isabel dos Santos continue de clamer son innocence et de dénoncer un acharnement politique. Elle promet de se battre pour laver son honneur, mais sa bataille judiciaire s’annonce longue et incertaine. En attendant, celle qui incarnait la réussite fulgurante des “enfants gâtés” du régime reste sous le coup d’un mandat d’arrêt, traquée par la justice de son pays.