Selon un rapport choquant publié par deux ONG, l’Iran a exécuté au moins 975 personnes en 2024, un chiffre record depuis le début des recensements en 2008. Cette escalade effroyable de l’utilisation de la peine de mort serait un moyen pour la République islamique de réprimer les dissidents politiques suite aux grandes manifestations populaires de 2022-2023.
Un outil de répression politique redoutable
D’après le directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, le peuple iranien représente la plus grande menace pour le régime. La peine capitale resterait donc son arme la plus puissante pour étouffer toute contestation, avec jusqu’à 5 à 6 exécutions par jour. Ces mises à mort s’inscriraient dans la guerre menée par la République islamique contre son propre peuple pour conserver le pouvoir, ébranlé par le mouvement de protestation inédit déclenché par la mort de la jeune Mahsa Amini en 2022.
Des chiffres probablement sous-estimés
Parmi les 975 personnes passées par le bourreau en 2024, figuraient :
- 31 femmes
- Plusieurs mineurs au moment des faits
- 4 exécutions publiques
Mais ces chiffres déjà très élevés seraient en réalité sous-estimés. En effet, selon le rapport d’IHR et de l’ONG française ECPM, 90% des exécutions ne seraient pas rendues publiques par les autorités iraniennes. Une quarantaine de cas présumés n’ont ainsi pas pu être inclus, faute de sources suffisantes pour les confirmer.
Un système judiciaire arbitraire basé sur la charia
Depuis la Révolution islamique de 1979, la justice iranienne s’appuie sur l’application stricte de la loi islamique, la charia. Si la plupart des exécutions concernent des crimes liés à la drogue, des meurtres ou des viols, des accusations plus vagues permettent aussi de cibler les dissidents :
- Corruption sur terre
- Rébellion
Au moins 10 hommes ont été pendus en lien avec les manifestations de 2022-2023, dont 2 en 2024, après des procès expéditifs et opaques. Les condamnés seraient aussi régulièrement privés d’accès à leurs avocats et soumis à la torture pour obtenir des aveux servant de base à leur condamnation.
13 militants dans le couloir de la mort
Le pire pourrait être à venir. Selon le rapport, au moins 13 militants du mouvement « Femme, Vie, Liberté » croupissent actuellement dans les couloirs de la mort. Parmi eux, deux militantes kurdes des droits des femmes, condamnées pour leur engagement humanitaire.
Les minorités ethniques, notamment kurdes et baloutches, seraient d’ailleurs surreprésentées parmi les condamnés. Un ciblage ethnique qui s’ajoute à la répression politique et idéologique du régime des mollahs, plus que jamais déterminé à noyer dans le sang toute velléité de changement.