Rebondissement dans l’affaire des projets d’attentats imputés aux services secrets iraniens en Europe. Ce jeudi, un troisième suspect a été mis en examen à Paris, soupçonné d’avoir fomenté des assassinats ciblés en France et en Allemagne. Cette interpellation s’ajoute à celles d’un couple en mai dernier, déjà poursuivi dans ce dossier baptisé “Marco Polo” par les enquêteurs.
La piste du “terrorisme d’État iranien”
Pour les services de renseignement français, ces arrestations démontrent la résurgence d’un “terrorisme d’État iranien” sur le sol européen, visant des dissidents et des intérêts israéliens ou juifs. Selon une note de la DGSI citée par l’AFP :
À partir de 2015, les services iraniens ont renoué avec une pratique d’assassinats ciblés en Europe, en limitant leur exposition grâce au recrutement de criminels de droit commun.
Direction générale de la sécurité intérieure
L’objectif de Téhéran serait de “frapper des cibles civiles” pour “accroître le sentiment d’insécurité” au sein de l’opposition iranienne et de la communauté juive.
Un narcotrafiquant au coeur du réseau
D’après les éléments de l’enquête, la cellule s’organiserait autour d’un important trafiquant de drogue lyonnais, probablement réfugié en Iran. Son principal opérateur serait un Franco-Algérien impliqué dans une sanglante fusillade à Marseille, recruté dans le milieu carcéral. Parmi les cibles identifiées figurent :
- Un ex-agent de sécurité israélien à Paris et 3 de ses anciens collègues
- 3 Israélo-Allemands à Munich et Berlin
Les enquêteurs soupçonnent aussi le réseau d’être à l’origine de plusieurs incendies criminels visant des entreprises de propriétaires israéliens dans le sud de la France fin 2023.
L’Iran nie, Israël met en garde
Téhéran a vivement démenti ces accusations, dénonçant des “allégations sans fondement” visant à ternir son image. Mais pour Israël, il s’agit d’une preuve supplémentaire de la dangerosité du régime iranien, appelant l’Occident à mettre fin à sa politique d'”apaisement” envers l’Iran.
Cette affaire illustre la complexité du jeu d’échecs géopolitique entre Israël et l’Iran, qui se joue désormais aussi sur le sol européen. Elle soulève des inquiétudes quant à la sécurité de certaines communautés et opposants, potentiellement dans le viseur de Téhéran. Un dossier épineux pour les autorités françaises, qui devront redoubler de vigilance face à cette menace d’un genre nouveau.