L’arrestation brutale d’une étudiante iranienne pour avoir osé se dévêtir en public a suscité une vague d’indignation dans le pays et à l’international. Selon l’ambassade d’Iran à Paris, la jeune femme, mère de deux enfants et séparée de son mari, a été « transférée dans un centre de soins spécialisés » suite à son acte de protestation contre le strict code vestimentaire islamique imposé aux femmes.
Un Geste Fort Contre l’Oppression Vestimentaire
Arrêtée samedi à Téhéran après s’être mise en sous-vêtements devant la prestigieuse université Azad, cette étudiante courageuse a voulu dénoncer le harcèlement constant des agents de sécurité à l’encontre des femmes ne respectant pas à la lettre les règles vestimentaires draconiennes. Des vidéos devenues virales la montrent en train de marcher lentement en culotte et soutien-gorge, avant d’être brutalement embarquée par des hommes en civil.
Son geste fort s’inscrit dans la lignée des manifestations historiques qui secouent l’Iran depuis la mort tragique de Mahsa Amini en septembre 2022, arrêtée elle aussi pour une question de voile. Malgré une répression sanglante qui a fait au moins 551 morts et des milliers d’arrestations selon des ONG, le mouvement « Femme Vie Liberté » ne faiblit pas, porté par une jeunesse iranienne assoiffée de changement.
Une Santé Mentale Remise en Question
Plutôt que de reconnaître la dimension politique de son acte, les autorités iraniennes ont préféré remettre en cause la santé mentale de l’étudiante. Le ministre iranien des Sciences a ainsi qualifié son comportement d’« immoral », tandis que l’ambassade évoque une « fragilité psychologique » justifiant son transfert en ambulance vers un mystérieux « centre de soins spécialisés ».
Une tactique inquiétante dénoncée par Amnesty International, pour qui « les autorités iraniennes assimilent le rejet du voile obligatoire à un “trouble mental” nécessitant un “traitement” ». Loin d’être un cas isolé, cette psychiatrisation de la dissidence rappelle les heures sombres de l’URSS, où les opposants politiques étaient systématiquement internés.
Une fois rétablie, [elle] reprendra ses études au sein de l’université si l’établissement l’accepte.
Ambassade d’Iran à Paris
Un Symbole Malgré Elle
Alors que l’ambassade insiste sur le caractère « privé » de l’affaire, la jeune femme est devenue malgré elle un nouveau symbole du combat des Iraniennes pour leur liberté. Décrite par des proches comme « saine d’esprit » mais aussi « courageuse et remplie de joie de vivre », son sort suscite une vive émotion et une large mobilisation, en Iran comme à l’étranger.
Sur les réseaux sociaux, son geste inspirant est salué par de nombreuses Iraniennes qui publient des photos d’elles sans voile, au péril de leur vie. Des rassemblements de soutien s’organisent dans plusieurs villes du monde, tandis que des responsables politiques comme le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian assurent « suivre attentivement » son cas.
Le Voile, Étendard de la République Islamique
Plus qu’un simple bout de tissu, le voile est devenu le principal étendard d’une République islamique vacillante mais déterminée à écraser dans le sang toute contestation. Loin de faire des concessions, le régime des Mollahs durcit au contraire sa politique répressive, avec des peines de prison ferme pour le simple fait d’apparaître tête nue en public.
Une intransigeance qui se heurte à une résistance toujours plus forte de la part d’une société iranienne en pleine mutation, où les jeunes et les femmes réclament plus de libertés individuelles. Comme un défi lancé à la face du pouvoir, de plus en plus d’Iraniennes osent sortir sans voile, au risque de subir les foudres de la police des mœurs.
En Iran, le voile n’est pas qu’un vêtement, c’est le pilier d’un système politico-religieux liberticide.
Une militante iranienne des droits des femmes
Vers un Nouveau « Printemps Iranien » ?
Plus de 40 ans après la Révolution islamique de 1979, l’Iran semble à un tournant de son histoire. Si la révolte actuelle est la plus importante depuis 2009 et son « Mouvement vert », brutalement écrasé, elle s’en distingue par son ampleur, sa durée et sa radicalité.
Parties du slogan « Femme, Vie, Liberté », les revendications vont désormais bien au-delà de la seule question du voile, pour réclamer un changement de régime. Malgré une répression féroce, le mouvement ne montre aucun signe d’essoufflement, s’étendant à toutes les couches de la société et à toutes les régions du pays.
Affaibli par les sanctions internationales, les divisions internes et une crise économique et sociale sans précédent, le pouvoir en place semble plus que jamais sur la sellette. Si nul ne peut prédire l’issue de ce bras de fer historique, une chose est sûre : le courage et la détermination des Iraniennes et des Iraniens auront marqué à jamais la lutte pour la liberté et la dignité. L’histoire retiendra le geste de cette étudiante anonyme, symbole malgré elle d’un combat universel.