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Iran : La Cour Suprême Annule La Condamnation À Mort D’un Rappeur

Un espoir pour la liberté d'expression en Iran ? La Cour suprême vient d'annuler la condamnation à mort du rappeur Toomaj Salehi, emprisonné pour son soutien aux manifestations de 2022. Retour sur une affaire qui a ému le monde entier et qui questionne l'avenir des artistes contestataires dans le pays...

En Iran, la contestation ne faiblit pas, malgré une répression féroce de la part du régime. Et les artistes sont en première ligne dans ce combat pour la liberté. Parmi eux, le rappeur Toomaj Salehi, devenu un symbole de la résistance depuis son emprisonnement en 2022. Condamné à mort pour son soutien au mouvement de protestation déclenché par la mort de Mahsa Amini, il vient de voir sa peine annulée par la Cour suprême iranienne. Une décision qui redonne espoir aux défenseurs des droits humains, mais qui soulève aussi de nombreuses questions sur l’avenir de la contestation en Iran.

Toomaj Salehi, rappeur engagé et figure de la contestation

Originaire d’Ispahan, Toomaj Salehi s’est fait connaître ces dernières années pour ses textes engagés et critiques envers le régime iranien. Mais c’est véritablement lors du soulèvement populaire de septembre 2022, suite à la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux Iraniennes, que le rappeur est devenu une icône de la contestation.

Ses chansons, diffusées massivement sur les réseaux sociaux, ont en effet servi de bande-son aux manifestations qui ont secoué le pays pendant plusieurs mois. Des textes coup de poing, appelant à renverser le régime des mollahs et à instaurer plus de libertés et de démocratie en Iran.

Dans ses morceaux, Toomaj Salehi dénonce sans détour la corruption, la répression et les inégalités qui gangrènent la société iranienne.

The Guardian

Un soutien sans faille à la révolte

Au-delà de ses chansons, Toomaj Salehi a également participé activement aux manifestations, n’hésitant pas à descendre dans la rue aux côtés des protestataires. Une attitude courageuse mais risquée, qui lui a valu d’être arrêté une première fois en septembre 2022.

Libéré sous caution quelques semaines plus tard, le rappeur a immédiatement repris son combat, multipliant les interventions sur les réseaux sociaux pour appeler les Iraniens à poursuivre la contestation. Jusqu’à ce que les autorités ne finissent par l’interpeller à nouveau fin octobre, dans des circonstances troubles. Il est alors accusé d'”incitation à la sédition”, de “rassemblement et conspiration dans le but de porter atteinte à la sécurité du pays”.

Une condamnation à mort très controversée

Après plusieurs mois de détention, souvent au secret et sans possibilité de contacter sa famille ou ses avocats, Toomaj Salehi est jugé à huis clos en janvier 2023. Au terme d’un procès expéditif et inéquitable, il est condamné à mort pour “corruption sur Terre”, un chef d’accusation fourre-tout fréquemment utilisé contre les opposants en Iran.

Une sentence extrêmement sévère, immédiatement dénoncée par les organisations de défense des droits humains comme une “parodie de justice”. De nombreux artistes et personnalités du monde entier se mobilisent également pour réclamer sa libération.

Toomaj Salehi a été condamné à mort au terme d’un procès manifestement inique qui s’est tenu à huis clos, ce qui est contraire au droit international.

Amnesty International

La Cour suprême annule la condamnation à mort

C’est dans ce contexte que la Cour suprême iranienne a finalement décidé, ce samedi, d’annuler la condamnation à mort de Toomaj Salehi. Selon son avocat, l’affaire va être renvoyée devant un tribunal similaire pour être rejugée. Une décision surprise, qui constitue indéniablement une bonne nouvelle, mais qui soulève aussi beaucoup d’interrogations.

Les raisons d’une décision inattendue

Pourquoi la plus haute instance judiciaire du pays a-t-elle choisi d’intervenir dans ce dossier ultra-sensible ? S’agit-il d’un geste d’apaisement de la part du régime, qui chercherait à calmer le jeu après des mois de contestation ? Ou au contraire d’une manœuvre pour mieux museler les voix dissidentes, en leur faisant miroiter un espoir de clémence ?

Difficile à dire pour l’instant. Mais une chose est sûre : la mobilisation internationale a joué un rôle crucial dans cette affaire. En braquant les projecteurs sur le sort de Toomaj Salehi, elle a mis les autorités iraniennes sous pression et les a sans doute poussées à revoir leur jugement.

Et maintenant ? Les défis qui attendent le rappeur et la contestation

Si l’annulation de sa condamnation à mort est une excellente nouvelle pour Toomaj Salehi, le combat est encore loin d’être gagné. Le rappeur reste en effet emprisonné et risque toujours de lourdes peines de prison. Tout dépendra de son nouveau procès, dont la date n’a pas encore été fixée.

Plus largement, c’est tout le mouvement de contestation qui se trouve à un tournant. Après des mois de mobilisation intense, marqués par une répression féroce (au moins 500 morts et des milliers d’arrestations selon les ONG), les manifestations se sont essoufflées ces dernières semaines. Le régime est-il parvenu à étouffer la révolte ? Ou s’agit-il juste d’une accalmie avant une nouvelle flambée ?

Une chose est sûre : malgré les intimidations et la peur, les Iraniens n’ont pas dit leur dernier mot. Et des artistes engagés comme Toomaj Salehi continueront de porter leur voix, au péril de leur liberté et de leur vie. Car comme le rappelle l’un de ses morceaux les plus célèbres : “Ils peuvent couper les fleurs, mais ils n’arrêteront pas le printemps.”

Plus largement, c’est tout le mouvement de contestation qui se trouve à un tournant. Après des mois de mobilisation intense, marqués par une répression féroce (au moins 500 morts et des milliers d’arrestations selon les ONG), les manifestations se sont essoufflées ces dernières semaines. Le régime est-il parvenu à étouffer la révolte ? Ou s’agit-il juste d’une accalmie avant une nouvelle flambée ?

Une chose est sûre : malgré les intimidations et la peur, les Iraniens n’ont pas dit leur dernier mot. Et des artistes engagés comme Toomaj Salehi continueront de porter leur voix, au péril de leur liberté et de leur vie. Car comme le rappelle l’un de ses morceaux les plus célèbres : “Ils peuvent couper les fleurs, mais ils n’arrêteront pas le printemps.”

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