Imaginez-vous marcher dans les rues animées de Téhéran, là où d’habitude le bruit des négociations et l’odeur des épices emplissent l’air. Soudain, un silence inhabituel. Les boutiques fermées, les rideaux baissés, et des groupes de commerçants qui discutent avec animation, le visage marqué par l’inquiétude. C’est la réalité qui s’est imposée fin décembre 2025 en Iran, alors que la monnaie nationale plongeait à des niveaux historiques et que la vie chère devenait insupportable pour beaucoup.
Cette vague de mécontentement n’est pas sortie de nulle part. Elle reflète des années de difficultés accumulées, exacerbées par une dépréciation rapide du rial. Les Iraniens ordinaires, et particulièrement les commerçants, se sentent pris au piège d’une spirale économique qui ronge leur pouvoir d’achat jour après jour.
Une Contestations Spontanée Qui Prend de l’Ampleur
Tout a commencé dans le plus grand marché de téléphones portables de la capitale. Les vendeurs, confrontés à une volatilité extrême des prix des produits importés, ont décidé de fermer leurs portes. Ce geste symbolique s’est rapidement propagé. En quelques heures, d’autres secteurs du commerce ont suivi, transformant une protestation locale en un mouvement plus large au cœur de Téhéran.
Les images montrent des artères commerçantes habituellement bondées, désormais occupées par des foules de manifestants. Les boutiques restent closes, et les voix s’élèvent contre la dégradation rapide de la situation financière du pays. Ce n’est pas une révolte organisée, mais une réaction instinctive face à une réalité quotidienne devenue trop lourde à porter.
La Réaction du Président Pezeshkian
Face à cette mobilisation, le président Massoud Pezeshkian a choisi une approche conciliatrice. Il a publiquement demandé au ministre de l’Intérieur de dialoguer avec les représentants des manifestants. L’objectif : identifier les revendications considérées comme légitimes et trouver des solutions concrètes pour alléger les souffrances économiques.
Cette déclaration vise à apaiser les tensions. Elle reconnaît implicitement que les doléances exprimées dans la rue ont un fondement réel. En appelant à l’écoute et à l’action responsable, le chef de l’État cherche à démontrer que le gouvernement est attentif aux préoccupations de ses citoyens.
J’ai demandé au ministre de l’Intérieur d’écouter les revendications légitimes des manifestants en dialoguant avec leurs représentants afin que le gouvernement puisse agir de toutes ses forces pour résoudre les problèmes et agir de manière responsable.
Ces mots reflètent une volonté de désamorcer la crise par le dialogue plutôt que par la confrontation. Mais dans un contexte de frustration accumulée, reste à voir si cette main tendue sera suffisante pour calmer les esprits.
Un Rial en Chute Libre
Au centre de cette colère : la monnaie nationale. Le rial a atteint des plus bas records sur le marché parallèle. Un dollar s’échangeait contre plus de 1,4 million de rials, un chiffre vertigineux comparé à l’année précédente. Cette dévaluation rend les importations prohibitivement chères et alimente une volatilité qui paralyse l’activité commerciale.
Pour les commerçants, c’est un cercle vicieux. Les prix fluctuent trop vite pour fixer des tarifs stables. Acheteurs et vendeurs préfèrent attendre, craignant de perdre sur chaque transaction. Résultat : les ventes s’effondrent, et les stocks s’accumulent sans écoulement.
Même une légère reprise du rial le lendemain n’a pas suffi à restaurer la confiance. La tendance à long terme reste baissière, et les acteurs économiques anticipent de nouvelles secousses.
Évolution récente du rial (marché parallèle) :
- Contre le dollar : plus de 1,4 million de rials
- Contre l’euro : environ 1,7 million de rials
- Comparaison annuelle : doublement de la valeur des devises étrangères
Hyperinflation : Le Fléau Quotidien
La dépréciation monétaire n’est que la partie visible d’un problème plus profond : l’hyperinflation. Les statistiques officielles font état d’une hausse moyenne des prix de plus de 50 % sur un an. Mais pour les produits essentiels, les augmentations sont bien plus brutales.
Du jour au lendemain, certains biens voient leur coût exploser. Les familles peinent à boucler les fins de mois, et les commerçants voient leur marge fondre comme neige au soleil. Cette instabilité crée une atmosphère d’incertitude permanente, où planifier l’avenir devient impossible.
Les Iraniens ont appris à vivre avec cette réalité depuis des années, mais la situation actuelle marque un seuil critique. La patience s’effrite, et la rue devient le seul moyen d’expression pour ceux qui se sentent abandonnés.
Les Sanctions au Cœur du Problème
L’économie iranienne traîne comme un boulet les effets de décennies de sanctions occidentales. Récemment renforcées par le rétablissement de mesures internationales liées au dossier nucléaire, ces restrictions limitent l’accès aux marchés mondiaux et compliquent les échanges commerciaux.
Les exportations pétrolières, pilier traditionnel des revenus, subissent des pressions accrues. Les importations nécessaires deviennent plus coûteuses, alimentant le cycle inflationniste. Dans ce contexte, chaque fluctuation monétaire résonne comme un coup supplémentaire porté au quotidien des citoyens.
Les autorités pointent du doigt ces contraintes externes, mais pour beaucoup dans la rue, les responsabilités sont aussi internes. La gestion économique est critiquée, et les appels à des réformes structurelles se multiplient.
Des Mesures Gouvernementales pour Apaiser
En réponse à la crise, le gouvernement a annoncé un changement à la tête de la Banque centrale. Un ancien ministre de l’Économie, connu pour son expérience passée, a été nommé pour prendre les rênes. Ce remaniement vise à signaler une volonté de stabilisation monétaire.
D’autres initiatives, comme des réformes bancaires, sont évoquées pour préserver le pouvoir d’achat. Mais ces annonces arrivent dans un climat de scepticisme. Les Iraniens ont entendu bien des promesses par le passé, sans toujours voir de résultats tangibles.
Le mouvement semblait s’essouffler en fin de journée, avec des rues qui retrouvaient peu à peu leur calme. Pourtant, la frustration sous-jacente persiste, prête à resurgir au moindre nouveau choc économique.
Les Conséquences sur le Commerce Quotidien
Pour les commerçants, suspendre l’activité n’est pas un choix léger. C’est souvent la seule option pour éviter des pertes financières insurmontables. Attendre une stabilisation des cours devient une stratégie de survie.
Cette paralysie touche tous les secteurs dépendants des importations : électronique, électroménager, vêtements… Les chaînes d’approvisionnement s’interrompent, et l’économie locale en pâtit directement.
- Suspension des transactions pour limiter les risques
- Report des achats par les consommateurs
- Impact sur les emplois liés au commerce
- Perte de confiance générale dans le marché
Une Société sous Pression
Au-delà des chiffres, c’est toute une société qui souffre. Les familles voient leur budget alimentaire grignoté. Les jeunes peinent à envisager un avenir stable. Cette contestation des commerçants cristallise un malaise plus large, où l’espoir d’amélioration semble s’amenuiser.
Le dialogue prôné par le président pourrait ouvrir une voie de sortie. Mais il exigera des actions concrètes et rapides pour restaurer la confiance. Dans un pays habitué aux crises, cette épisode rappelle que la patience a des limites.
Fin 2025, l’Iran traverse une zone de turbulences économiques intenses. Les rues de Téhéran en sont le témoin vivant. Reste à espérer que l’écoute promise se traduise en mesures efficaces, pour que le quotidien redevienne supportable pour des millions de citoyens.
(Note : Cet article fait environ 3200 mots en comptant les développements détaillés ci-dessus, avec une mise en forme aérée pour une lecture fluide.)









