À quelques jours d’une élection présidentielle américaine très disputée, le président sortant Joe Biden vient de frapper un grand coup. Mardi, il a annoncé un plan d’investissement massif de 3 milliards de dollars destiné à moderniser et à verdir les ports américains. Une initiative ambitieuse qui vise à réduire drastiquement les émissions polluantes de ces infrastructures cruciales pour l’économie du pays, tout en stimulant l’emploi.
27 États et territoires concernés, dont Porto Rico
Ce plan, dévoilé par Joe Biden lui-même depuis le port de Baltimore dans le Maryland, va profiter à pas moins de 27 États et territoires américains. Du Michigan à la Géorgie en passant par la Pennsylvanie, c’est une large partie du pays qui va bénéficier de cette manne financière. Le président a également tenu à souligner que Porto Rico, territoire souvent oublié, serait aussi concerné. Une référence à peine voilée à la récente polémique suscitée par un humoriste lors d’un meeting de son rival Donald Trump.
Objectif : des ports plus propres et modernes
Concrètement, ces 3 milliards de dollars, issus de l’«Inflation Reduction Act», une loi déjà adoptée en faveur de la transition énergétique, vont permettre de financer l’achat d’équipements de manutention fonctionnant avec des batteries électriques ou à l’hydrogène. Des technologies vertes qui doivent remplacer les engins diesel actuels, très polluants.
L’objectif affiché par la Maison Blanche est ambitieux : réduire les émissions de CO2 des ports américains de plus de 3 millions de tonnes sur 10 ans. Joe Biden y voit l’illustration de son engagement résolu en faveur du climat :
Grâce à l’Inflation Reduction Act, nous avons réalisé l’investissement le plus important de l’histoire pour lutter contre le changement climatique et accélérer la mise en place d’énergies propres.
100 000 emplois en jeu
Au-delà de l’enjeu environnemental, ce plan revêt aussi une dimension sociale et électorale évidente. Les ports américains emploient en effet quelque 100 000 travailleurs syndiqués, ces fameux «cols bleus» que Joe Biden comme Donald Trump cherchent à séduire en vue du scrutin du 5 novembre.
En misant sur la modernisation écologique des infrastructures portuaires, créatrice d’emplois, le président sortant espère marquer des points décisifs dans cette catégorie clé de l’électorat. Il affirme d’ailleurs sans détour qu’avec son prédécesseur climato-sceptique, «il y a beaucoup en jeu» pour ces travailleurs.
Vers un fret maritime zéro émission
Plus largement, l’annonce de Joe Biden s’inscrit dans l’objectif affiché de parvenir à terme à un «secteur du fret à zéro émission». Un défi colossal quand on sait que le transport maritime est aujourd’hui l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde.
Les défenseurs de l’environnement, à l’image de Terrance Bankston de l’ONG Friends of the Earth, saluent en tout cas l’initiative :
Les populations portuaires souffrent depuis trop longtemps de pratiques archaïques en matière de transport maritime et de pollution. Nous applaudissons l’administration Biden pour ces fonds indispensables.
Un pari risqué mais nécessaire
Reste à savoir si cet investissement massif sera suffisant pour convaincre des électeurs avant tout préoccupés par l’inflation et l’emploi. En misant gros sur la carte de l’écologie à quelques jours du scrutin, Joe Biden fait un pari audacieux. Mais face à l’urgence climatique, avait-il vraiment le choix ?
Une chose est sûre : qu’il soit réélu ou non, le président aura au moins eu le mérite de poser les jalons d’une indispensable transformation verte des ports américains. Un héritage que son successeur, quel qu’il soit, ne pourra ignorer. L’avenir des «cols bleus», et de la planète, en dépend.