En ce début juin 2024, alors que la France s’apprête à célébrer en grande pompe le 80e anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie, une nouvelle invasion se prépare sur les plages du Calvados. Pas moins de 43 000 policiers et gendarmes s’apprêtent en effet à déferler pour assurer la sécurité des festivités. Un dispositif exceptionnel et inédit qui suscite autant d’interrogations que les cérémonies elles-mêmes.
La plus grande opération de sécurisation de l’histoire
C’est ce qu’a affirmé sans ambages le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en présentant ce plan de bataille sans précédent. Sur les trois jours de commémorations, prévus du 5 au 7 juin, ce sont près d’un million de visiteurs qui sont attendus, ainsi qu’une vingtaine de chefs d’État. Parmi eux, le roi Charles III, les présidents américain Joe Biden et ukrainien Volodymyr Zelensky.
Pour relever ce défi sécuritaire, 12 000 agents seront déployés pour la seule journée du 6 juin, date anniversaire du Débarquement. Soixante unités de CRS et de gendarmes mobiles quadrilleront le terrain, épaulés par des centaines de démineurs, maîtres-chiens et même des unités de l’armée de l’air et de la marine.
Des moyens démesurés ?
Si nul ne conteste la nécessité d’assurer la sécurité de ces cérémonies hautement symboliques, l’ampleur des moyens déployés interroge. Jamais encore la France n’avait connu une telle concentration de forces de l’ordre pour un événement commémoratif. Certains y voient une démonstration de force, voire une forme de “surenchère sécuritaire”.
Entre ces commémorations, les matchs de foot, la chasse aux truands… À force de charger la mule, celle-ci fera une ruade.
Un commentateur anonyme
Les leçons de l’histoire
D’autres y voient au contraire une sage précaution au vu du contexte international tendu, entre guerre en Ukraine et menaces terroristes. Et rappellent qu’il y a 80 ans, c’est justement grâce à une préparation minutieuse et des moyens colossaux que le Débarquement avait pu réussir, ouvrant la voie à la Libération de l’Europe du joug nazi.
Bien sûr, le parallèle a ses limites. Les défis sécuritaires ne sont plus les mêmes qu’en 44. Mais l’histoire nous enseigne que la liberté et la paix ont souvent un prix. Celui d’une vigilance de tous les instants.
Entre devoir de mémoire et précautions d’aujourd’hui
Au-delà des polémiques, ces cérémonies et l’imposant dispositif qui les entoure nous rappellent l’importance du devoir de mémoire. Rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour notre liberté. Et être prêts, aujourd’hui encore, à défendre les valeurs pour lesquelles ils se sont battus.
Alors, invasion de policiers ou non, l’essentiel est sans doute ailleurs. Dans la force du souvenir. Et l’espoir d’un monde en paix, 80 ans après ce jour où les plages normandes basculèrent dans l’Histoire.