Selon plusieurs sources proches du milieu judiciaire, les magistrats français font face à une recrudescence inquiétante d’intimidations et de menaces de la part des délinquants qu’ils poursuivent. Un phénomène en hausse ces dernières années qui met en lumière les risques croissants du métier et la nécessité de mieux protéger ces acteurs essentiels de notre système judiciaire.
“Ils n’ont plus rien à perdre alors ils tentent tout”
C’est le constat alarmant que dresse un haut magistrat sous couvert d’anonymat. Menaces de mort, tentatives d’agression, pressions sur les familles…les délinquants ne reculent devant rien pour tenter d’intimider ceux qui les poursuivent. “Certains n’ont plus rien à perdre alors ils sont prêts à tout, y compris aux actes les plus extrêmes”, explique cette source.
Dernièrement, c’est le procureur général de Douai qui a échappé de justesse à une tentative d’agression de la part de plusieurs individus, dont des multirécidivistes. Un cas loin d’être isolé qui illustre la détermination des malfaiteurs à s’en prendre à ceux qui les traquent.
Une menace généralisée
Selon un rapport confidentiel, la grande majorité des magistrats du siège et du parquet ont déjà fait l’objet au moins une fois de pressions ou d’intimidations liées à leurs fonctions. Un chiffre “préoccupant” qui montre que le phénomène n’épargne aucune juridiction, des grandes métropoles aux zones plus rurales.
“Certains reçoivent des messages de menaces sur les réseaux sociaux, d’autres retrouvent des impacts de balles sur leurs voitures. Les plus chanceux en sont quittes pour des insultes.”
– Un juge d’instruction
Face à cette situation, beaucoup de magistrats avouent vivre dans “une pression et un stress permanent”. Certains envisagent même de quitter leur métier par peur pour leur sécurité et celle de leurs proches.
Manque de moyens pour assurer leur protection
Si le ministère de la Justice a pris conscience de l’urgence de la situation ces dernières années, les moyens manquent pour assurer une protection efficace des magistrats menacés. Seule une petite minorité des juges et procureurs les plus exposés bénéficient d’une protection policière rapprochée.
“Nous ne sommes clairement pas priorisés par rapport à d’autres professions. Les forces de l’ordre sont elles-mêmes débordées. Résultat, on doit souvent assurer nous-mêmes notre sécurité.”
– Un procureur
Beaucoup réclament des mesures concrètes comme le renforcement de la sécurité des tribunaux, la possibilité de garder leur adresse personnelle confidentielle ou encore la prise en charge de leur protection en dehors de leur temps de travail.
Un risque pour l’indépendance de la justice
Au-delà de l’aspect sécuritaire, c’est l’indépendance même de l’institution judiciaire qui est aujourd’hui menacée par ces pressions croissantes sur les magistrats. Difficile en effet de ne pas s’interroger sur de potentielles décisions influencées par la crainte de représailles.
“Quand on sait qu’on risque de mettre en danger sa famille en prenant telle ou telle décision, ça pèse forcément dans la balance, même inconsciemment.”
– Un juge anonyme
Une situation critique qui nécessite une vraie prise de conscience des pouvoirs publics. Car c’est bien la crédibilité et l’autorité de la Justice qui sont aujourd’hui remises en cause par la violence et l’intimidation des délinquants les plus déterminés.
Retrouver les moyens d’une Justice forte
Alors que les comparutions immédiates et audiences se déroulent parfois sous haute tension, de nombreuses voix s’élèvent pour demander un renforcement des effectifs et des moyens de sécurité dans les tribunaux. Un enjeu crucial pour permettre à la Justice de continuer à remplir sa mission sereinement.
“Comment voulez-vous qu’on se sente à l’abri dans nos salles d’audience quand on sait que certains prévenus sont prêts à tout ? Il faut plus d’agents pour nous protéger.”
– Un juge d’application des peines
Le ministère de la Justice assure que des mesures sont à l’étude pour améliorer la protection des magistrats. Mais beaucoup jugent les réponses encore trop timides et lentes face à l’urgence de la situation. Une mobilisation générale s’impose pour garantir à la Justice les moyens d’exercer ses missions et aux juges de rendre leurs décisions sans peur.
Un équilibre fragile à préserver
Car c’est bien d’un équilibre fragile dont il est question. Celui d’une Justice qui doit à la fois se montrer forte face aux pressions extérieures et exemplaire dans ses décisions. Une gageure de plus en plus compliquée à tenir dans le contexte actuel, où la tentation du repli et de l’autoprotection peut être grande pour certains magistrats.
“Il ne faudrait pas qu’on se mette à prononcer des peines minimales ou à éviter certains dossiers sensibles sous prétexte d’assurer notre sécurité. Ce serait une défaite pour l’État de droit.”
– Un procureur
Un risque pointé par de nombreux observateurs qui en appellent à une réaction forte du gouvernement. Car si rien n’est fait, c’est la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire qui pourrait vaciller dangereusement. Personne ne souhaite voir émerger une Justice à deux vitesses, sévère pour le Justiciable lambda mais timorée face aux caïds et aux voyous.
L’appel unanime à un sursaut
Magistrats, avocats, forces de l’ordre… Tous s’accordent aujourd’hui sur la nécessité d’un électrochoc pour endiguer cette lame de fond qui menace les fondements même de notre Justice. Certains évoquent la piste de peines planchers contre ceux qui s’attaquent aux acteurs judiciaires, d’autres militent pour la création d’un parquet national dédié à la délinquance visant les institutions.
“On ne peut plus accepter que ceux qui rendent la justice soient les cibles privilégiées des voyous. Il faut frapper vite et fort avec des sanctions exemplaires.”
– Un avocat général
Une chose est sûre : l’heure n’est plus aux atermoiements mais à l’action. Car c’est notre modèle de société qui vacille si ceux qui sont chargés de faire respecter la loi deviennent des proies pour les délinquants. La balle est plus que jamais dans le camp de l’exécutif pour apporter des réponses fortes et redonner aux magistrats les moyens d’exercer leur mission. L’avenir de notre Justice en dépend.