À trois jours du scrutin des élections européennes, c’est la polémique. Emmanuel Macron a annoncé qu’il interviendrait ce jeudi soir aux journaux de 20h de TF1 et France 2, en direct de Caen, dans le cadre des commémorations du 80ème anniversaire du Débarquement en Normandie. Une prise de parole présidentielle si proche de la fin de la campagne électorale passe mal auprès de l’opposition.
LR et LFI saisissent l’Arcom
Dès l’annonce de cette interview, Les Républicains (LR) et La France Insoumise (LFI) ont décidé de saisir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). François-Xavier Bellamy, tête de liste LR, a dénoncé “un nouveau détournement électoral indécent”. Sur Franceinfo, l’eurodéputé s’est interrogé :
Quelle urgence peut bien imposer que le président réquisitionne les JT la veille d’une fin de campagne ? Il n’y a pas un seul pays européen où ça se passe comme ça.
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR
De son côté, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a ironisé sur Twitter :
Donc jeudi vendredi samedi, ce sera ‘Fidel Macron’ sur toutes les chaînes.
Olivier Faure, Premier secrétaire du PS
Le temps de parole de Macron sera-t-il décompté ?
La question qui fâche est de savoir si le temps de parole du président sera décompté de celui de son parti Renaissance (ex-LREM) pour respecter l’équité du temps de parole entre les différentes listes en lice. Les règles du CSA imposent en effet aux chaînes un décompte strict du temps de parole des candidats et de leurs soutiens politiques dans les 4 semaines précédant un scrutin.
Mais le statut du président de la République est particulier. Selon l’Élysée, son intervention portera essentiellement sur les questions internationales et européennes, dans le cadre des commémorations du Débarquement, et ne constituera donc pas un soutien électoral direct à Renaissance. Un argument qui ne convainc pas l’opposition.
Une exposition médiatique en fin de campagne qui divise
Pour beaucoup, même sans appel explicite à voter pour son camp, une prise de parole présidentielle à un tel moment du calendrier électoral constitue de fait un avantage certain en termes d’exposition médiatique. Les partis d’opposition craignent que cela n’influence les électeurs indécis, dans un scrutin où l’abstention s’annonce très élevée.
Mais d’autres voix soulignent que l’agenda international et le rôle de chef d’État du président priment sur les considérations de politique intérieure. Commémorer le Débarquement est un rendez-vous important que le président ne peut manquer, selon eux.
L’Arcom tranchera-t-elle le débat ?
Alors que la controverse enfle, tous les yeux sont désormais tournés vers l’Arcom. L’autorité de régulation devra trancher et indiquer si le temps de parole d’Emmanuel Macron lors de cette interview doit être décompté ou non du temps de parole total de Renaissance.
Sa décision, forcément très attendue et scrutée en cette fin de campagne, risque encore d’animer le débat jusqu’au scrutin de dimanche et sans doute au-delà. Elle posera la question de l’équité de traitement médiatique entre le président et ses opposants en période électorale.
Une chose est sûre, cette polémique vient électriser un peu plus une campagne européenne plutôt terne jusqu’ici, et rappelle combien l’ombre d’Emmanuel Macron plane sur ces élections, même s’il n’est pas directement candidat. Verdict des urnes dimanche soir.