En ce début décembre, alors que les enfants s’apprêtent à ouvrir les premières cases de leur calendrier de l’Avent, une polémique inattendue vient troubler ce moment de douceur. Plusieurs écoles de l’Aisne ont en effet reçu la consigne de ne plus utiliser cet objet traditionnel, au nom du principe de laïcité. Une décision qui suscite l’incompréhension et ravive le débat sur la place de la religion à l’école.
Le calendrier de l’Avent, une tradition devenue suspecte?
Destiné à faire patienter les enfants jusqu’à Noël, le calendrier de l’Avent s’est généralisé dans les foyers depuis plusieurs décennies. Bien qu’associé à une fête chrétienne, il a acquis un caractère ludique et commercial qui dépasse largement le cadre religieux. Pourtant, certains y voient encore un signe ostentatoire susceptible de heurter la neutralité de l’école publique.
Le calendrier de l’Avent appartient à tout le monde. Que l’on soit croyant ou pas, il est vu comme un outil pédagogique permettant de travailler le décompte des jours.
– Pierre-Jean Verzelen, sénateur de l’Aisne
Laïcité à géométrie variable?
Si la loi de 1905 pose le principe d’une stricte séparation des Églises et de l’État, son application concrète laisse parfois perplexe. Tandis que certains signes religieux sont strictement bannis de l’espace scolaire, d’autres semblent bénéficier d’une plus grande tolérance. Cette disparité interroge sur la frontière entre le cultuel et le culturel.
- Le sapin de Noël, souvent présent dans les écoles, est-il moins connoté religieusement que le calendrier de l’Avent ?
- Les crèches de Noël installées dans certaines mairies ne heurtent-elles pas elles aussi le principe de neutralité des institutions ?
Cette apparente incohérence traduit la difficulté à définir ce qui relève du fait religieux et ce qui appartient au patrimoine culturel commun. Une distinction subtile mais essentielle pour garantir le fragile équilibre entre liberté de culte et neutralité de l’État.
Vers une laïcité apaisée et inclusive
Face à ces questionnements légitimes, le gouvernement tente d’apaiser les esprits. La ministre de l’Éducation Nationale a ainsi rappelé que les calendriers de l’Avent étaient « pleinement compatibles » avec la laïcité dès lors qu’ils ne véhiculent aucun contenu religieux. Une mise au point bienvenue pour éviter les dérives et les surenchères.
Noël fait partie de notre patrimoine culturel commun. Son usage à l’école est envisageable s’il ne s’accompagne pas de prosélytisme.
– Anne Genetet, ministre de l’Éducation Nationale
Au-delà de la polémique, cet épisode invite à repenser sereinement la place du fait religieux dans notre société. Plutôt que d’opposer les traditions et les croyances, il s’agit de valoriser ce qui rassemble et de transmettre à nos enfants le sens du partage et de la tolérance. Un défi essentiel pour construire une laïcité apaisée, garante à la fois de nos libertés et de notre cohésion.