Imaginez un instant une salle de classe où tous les élèves sont concentrés sur leur professeur, sans aucun smartphone pour les distraire. C’est ce que le Brésil ambitionne de réaliser avec sa nouvelle loi interdisant les téléphones portables dans les écoles. Une mesure forte qui vise à préserver la santé mentale des jeunes face à l’omniprésence des écrans.
Le Brésil dit stop aux smartphones en classe
Fini les notifications incessantes et les tentations de se perdre sur les réseaux sociaux pendant les cours. Le Congrès brésilien a adopté mercredi dernier une loi bannissant l’utilisation des téléphones portables par les élèves dans l’enceinte des établissements scolaires, aussi bien en classe que pendant les pauses. Une décision motivée par la volonté de sensibiliser les jeunes aux effets néfastes d’une surexposition aux écrans.
Cette interdiction, qui concerne les élèves âgés de 4 à 17 ans, a été approuvée à l’unanimité par le Sénat. Elle devra maintenant être promulguée par le président Lula pour entrer en vigueur. Le texte prévoit toutefois quelques exceptions, autorisant notamment l’usage des appareils à des fins pédagogiques encadrées par les enseignants ou pour des raisons médicales justifiées.
Une mesure plébiscitée par les parents
Si cette loi peut sembler radicale, elle répond en réalité à une forte demande de la société brésilienne. Selon un sondage réalisé en octobre dernier, 82% des parents d’élèves y sont favorables. Beaucoup s’inquiètent des répercussions d’une utilisation excessive des smartphones sur la santé mentale, la concentration et la sociabilisation de leurs enfants.
Le téléphone portable a mis fin à la socialisation des gens. Il doit y avoir une limite.
Camilo Santana, ministre brésilien de l’Éducation
Pour le ministre de l’Éducation Camilo Santana, cette mesure est nécessaire face au fléau de l’addiction numérique chez les jeunes. Il souligne que des expériences similaires menées dans d’autres pays ont démontré l’impact positif d’une restriction des smartphones en classe sur l’attention et les résultats scolaires des élèves.
Des ados ultra-connectés
Il faut dire que les adolescents brésiliens figurent parmi les plus connectés au monde :
- 87,6% des 14-17 ans possèdent un smartphone
- Plus de 50% des 10-13 ans en ont également un
Des chiffres impressionnants qui traduisent l’ampleur du phénomène. Face à cette situation, de plus en plus d’experts alertent sur les dangers d’une exposition trop précoce et intense aux écrans.
Les écoles bientôt transformées ?
Avec cette loi, les établissements scolaires brésiliens devront s’adapter. Actuellement, si 28% d’entre eux interdisent totalement l’usage des portables, les deux tiers se contentent de simples restrictions. L’application généralisée de cette mesure devrait considérablement modifier l’ambiance et les interactions dans les écoles.
En effet, comme le rappelle le ministre, les smartphones constituent aujourd’hui un véritable « mur » entre les élèves, une barrière qui entrave le développement de leurs relations sociales et leur épanouissement personnel. En obligeant à lâcher les écrans, la loi espère redonner toute leur place aux échanges en « face à face », à l’apprentissage de la vie en collectivité.
Une décision encore rare à l’échelle mondiale
Malgré la prise de conscience croissante des effets délétères d’une surexposition des jeunes aux écrans, peu de pays ont pour l’instant franchi le pas d’une interdiction légale des portables dans les écoles. Selon l’UNESCO, moins d’un quart des États disposent actuellement de lois ou de politiques en ce sens.
Le Brésil fait donc figure de pionnier avec cette mesure d’envergure nationale. Une expérience qui sera sûrement scrutée de près par les autres pays, tant la question de la régulation des smartphones chez les jeunes est devenue un enjeu sociétal majeur.
Alors, assisterons-nous dans les prochaines années à une vague de lois similaires à travers le monde ? Une chose est sûre : le débat est plus que jamais ouvert. Et le Brésil vient d’y apporter sa pierre en plaçant la santé et l’épanouissement des élèves au cœur de ses priorités éducatives.