C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de s’abattre sur la rencontre tant attendue entre Lille et le Feyenoord Rotterdam, prévue le 29 janvier prochain dans le cadre de la phase de poules de la Ligue des Champions. Selon un arrêté ministériel publié ce mercredi au Journal officiel, les supporters néerlandais se voient tout bonnement interdits de déplacement dans la capitale des Flandres entre lundi et mercredi.
Derrière cette décision radicale se cache une menace bien réelle : celle d’affrontements violents entre les fans des deux équipes. « Un risque réel et sérieux d’affrontement entre les supporters des deux clubs existe à l’occasion de cette rencontre », justifie sans détour Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, dans son arrêté. Une crainte partagée par les autorités françaises, qui pointent du doigt le « comportement violent de certains supporters ou d’individus se prévalant de la qualité de supporter » du Feyenoord.
Une réputation sulfureuse qui précède les supporters néerlandais
Et pour cause, les déplacements du club de Rotterdam sont tristement célèbres pour les débordements qu’ils occasionnent. Le ministère de l’Intérieur ne manque pas d’exemples pour étayer ses propos, citant notamment les violents affrontements survenus en mai 2022 à Tirana, en marge de la finale de Conference League opposant le Feyenoord à l’AS Rome. Ce jour-là, rapporte-t-on, un riverain albanais avait été « violemment frappé à coups de chaise par des supporters néerlandais ».
Mais les craintes ne se limitent pas au seul comportement des fans du Feyenoord. Les autorités évoquent également des incidents impliquant certains supporters lillois, comme cette agression de supporters marseillais aux abords du stade Pierre-Mauroy en mai dernier, soldée par deux interpellations et des jets de projectiles sur les forces de l’ordre.
Une décision ferme pour prévenir tout débordement
Face à ces risques jugés trop importants, le ministère a donc choisi la fermeté en optant pour une interdiction pure et simple du déplacement des supporters néerlandais. Une mesure radicale mais nécessaire aux yeux des autorités, qui redoutent de voir débarquer quelque 3600 fans du Feyenoord, dont 500 sont considérés comme à risque, pour seulement 2600 places allouées.
« Les deux derniers déplacements des supporters du Feyenoord en France ont donné lieu à de graves incidents », rappelle l’arrêté, évoquant les affrontements survenus à Nancy en 2006 et à Marseille en 2022. Un passif lourd qui pousse aujourd’hui les autorités à la plus grande prudence.
Une vigilance de tous les instants jusqu’au coup d’envoi
Malgré l’interdiction, le dispositif de sécurité autour de cette rencontre à hauts risques devrait être particulièrement fourni. Car les autorités redoutent que certains supporters néerlandais tentent de rallier Lille dès lundi, soit plus de 48h avant le match, dans le but d’en découdre avec les fans lillois en marge de la rencontre.
Un scénario catastrophe qui rappelle de bien tristes souvenirs, comme les violents affrontements entre supporters du Feyenoord et de l’AS Rome survenus à Tirana en 2022. Un précédent qui incite aujourd’hui les autorités françaises à la plus grande vigilance pour éviter tout débordement.
Il y a une réelle volonté d’anticiper au maximum les problèmes pour que la fête du football ne soit pas gâchée. Personne ne veut revivre des scènes comme celles de Tirana.
Confie une source proche du dossier
Reste désormais à savoir si ces mesures suffiront à éviter tout incident. Une chose est sûre, les forces de l’ordre seront sur le qui-vive jusqu’au coup d’envoi de cette rencontre sous haute tension. Avec l’espoir que le spectacle aura bien lieu sur le terrain, et non dans les tribunes ou aux abords du stade.
Un precedent inquiétant en Ligue Europa en 2021
Les craintes des autorités sont d’autant plus vives que les confrontations entre supporters lillois et néerlandais ont déjà donné lieu à de violents incidents par le passé. En décembre 2021, en marge d’une rencontre de Ligue Europa entre Lille et l’Ajax Amsterdam, de violents affrontements avaient éclaté dans le centre-ville de la capitale des Flandres.
Ce jour-là, une centaine de supporters ajacides, dont certains appartenant à des groupes ultras, s’étaient introduits dans un bar où étaient réunis des fans lillois. S’en était suivie une rixe généralisée, avec jets de chaises et de bouteilles. Un supporter lillois avait été grièvement blessé par un jet de verre au visage. Des scènes d’une rare violence qui avaient profondément choqué et marqué les esprits.
Éviter à tout prix un nouveau drame
Au vu de ce lourd passif, on comprend mieux les raisons qui ont poussé le ministère de l’Intérieur à interdire purement et simplement le déplacement des supporters du Feyenoord. L’objectif est clair : éviter à tout prix un nouveau drame.
Car au-delà des rivalités sportives, c’est bien de vies humaines dont il est question. Les autorités ont encore en mémoire le triste souvenir de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1985 au stade du Heysel. Ce soir-là, des affrontements entre supporters de la Juventus et de Liverpool avaient causé 39 morts et 600 blessés. Une tragédie qui avait profondément bouleversé le monde du football.
Près de 40 ans plus tard, la menace est toujours là. Malgré les mesures, malgré les précautions, le risque zéro n’existe pas. Mais en prenant cette décision radicale, les autorités espèrent au moins limiter les risques au maximum. Pour que le football reste une fête, sur et en dehors des terrains.