Le géant américain des semi-conducteurs Intel traverse une zone de fortes turbulences. Lundi, une annonce choc a ébranlé la Silicon Valley : Pat Gelsinger, PDG emblématique et vétéran de la firme, a annoncé son départ à la retraite après seulement un peu plus de deux ans à la tête du groupe. Entre démission et licenciement déguisé, les circonstances troubles de ce départ soudain soulèvent de nombreuses questions.
Intel, un géant américain en crise
Fondé en 1968, Intel règne depuis des décennies sur l’industrie des microprocesseurs. Mais ces dernières années, le mastodonte a perdu de sa superbe. Depuis l’arrivée de Pat Gelsinger aux commandes en février 2021, le titre Intel a dévissé de 70% à Wall Street. Sur la même période, le chiffre d’affaires a fondu de 79 à 52 milliards de dollars et les bénéfices ont chuté de 19,9 à 1,8 milliard.
Virage manqué dans l’IA
Intel paie aujourd’hui au prix fort son retard dans l’intelligence artificielle. Alors que des acteurs comme Nvidia ou AMD ont pris une longueur d’avance, Intel peine à se positionner sur ce marché en plein boom. Un virage stratégique manqué qui inquiète les investisseurs.
Concurrence féroce des puces ARM
Intel doit aussi faire face à la montée en puissance des puces ARM, notamment dans les ordinateurs portables et les datacenters. Des concurrents comme Qualcomm ou le Britannique ARM grignotent des parts de marché, menaçant la domination historique d’Intel dans les PC.
Des projets d’usines pharaoniques remis en question
Pour tenter de redresser la barre, Pat Gelsinger avait annoncé un plan d’investissement massif dans de nouvelles usines aux États-Unis et en Europe. Mais face aux pertes abyssales, ces projets à plusieurs dizaines de milliards de dollars sont aujourd’hui remis en question, à l’image du méga-site allemand dont le sort est plus qu’incertain.
Un départ brutal et des questions en suspens
Si Intel a officiellement évoqué un départ à la retraite, d’autres sources évoquent les termes d’une séparation beaucoup moins amicale. Selon des bruits de couloir, le conseil d’administration aurait poussé vers la sortie un Pat Gelsinger jugé incapable d’enrayer la chute vertigineuse du groupe.
C’est un camouflet pour Pat Gelsinger, qui avait fait de son retour chez Intel une affaire personnelle, 12 ans après son départ. Son bilan est un constat d’échec.
– Un analyste financier sous couvert d’anonymat
Pour assurer l’intérim, Intel a nommé en catastrophe un nouveau directeur financier, David Zinsner, et une directrice générale par intérim, Michelle Johnston Holthaus. Une solution temporaire en attendant le recrutement d’une nouvelle ou d’un nouveau PDG, qui aura la lourde tâche de réinventer Intel.
Les défis du futur patron d’Intel
- Rattraper le retard dans l’IA face à Nvidia et AMD
- Enrayer le déclin dans les PC et datacenters face à la montée en puissance des puces ARM
- Revoir les priorités d’investissement dans un contexte financier tendu
- Remotiver des équipes marquées par des plans sociaux et restructurations
- Restaurer la confiance des investisseurs et faire remonter le cours de bourse
Autant de challenges qui attendent le futur patron d’un Intel à la croisée des chemins. Pour ce fleuron américain de la high-tech, l’enjeu est de réussir sa mue dans un monde numérique en pleine transformation, où la course à l’innovation dans l’IA dessine déjà les positions de demain. Une chose est sûre : sans un virage stratégique réussi, Intel pourrait définitivement décrocher et rejoindre la longue liste des géants déchus de la tech. Les prochains mois seront décisifs.