La situation sécuritaire au Darfour, région de l’ouest du Soudan, suscite une vive inquiétude au sein des Nations unies. Selon un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, une offensive imminente des forces paramilitaires sur la ville d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, fait craindre le pire pour la sécurité des civils.
Cet avertissement intervient alors que le Soudan est en proie à une guerre sanglante opposant l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire, depuis avril 2023. Les affrontements ont déjà fait des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de personnes souffrent de la famine dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Un ultimatum inquiétant des paramilitaires
Au cœur des préoccupations de l’ONU se trouve un ultimatum lancé cette semaine par les FSR. Les paramilitaires exigent que toutes les forces armées et leurs alliés quittent la ville d’El-Fasher avant mercredi après-midi, menaçant de lancer une offensive si leur demande n’est pas satisfaite. L’armée a répondu être prête à résister à cet assaut.
El-Fasher, qui compte environ deux millions d’habitants, est assiégée par les FSR depuis mai 2024. La ville a été le théâtre de certains des pires combats de cette guerre, l’armée luttant pour conserver son dernier bastion dans la vaste région du Darfour, dont la quasi-totalité est désormais aux mains des paramilitaires.
Un lourd bilan humain
Ce conflit, qui dure maintenant depuis plus d’un an, a des conséquences désastreuses pour la population civile. Outre les dizaines de milliers de morts, on compte plus de 12 millions de déplacés. La famine touche des centaines de milliers de personnes, aggravant encore la crise humanitaire.
Selon le porte-parole onusien Seif Magango, la population d’El-Fasher souffre depuis de nombreux mois d’une violence insensée, de brutales violations des droits humains et d’abus, en particulier pendant le siège prolongé de leur ville. Il appelle à ce que cela cesse immédiatement.
L’ONU appelle à la désescalade
Face à la menace d’une nouvelle offensive sur El-Fasher, l’ONU renouvelle son appel à toutes les parties pour une désescalade des tensions autour de la ville. Elle les exhorte à prendre des mesures urgentes pour assurer la protection des civils, conformément à leurs obligations en vertu du droit international.
Mais la situation reste très préoccupante, d’autant que les FSR ont également pris le contrôle de larges pans de la région voisine du Kordofan, au sud. Le Soudan semble plus que jamais déchiré par un conflit dont on ne voit pas la fin et qui continue de faire de nombreuses victimes civiles.
La communauté internationale, à commencer par l’ONU, tente de peser de tout son poids pour obtenir un cessez-le-feu et pousser les parties à négocier. Mais pour l’heure, les armes continuent de parler au Darfour et à El-Fasher, faisant craindre un nouveau drame humanitaire dans cette région martyrisée du Soudan.
Une région marquée par les conflits
Le Darfour est tristement habitué aux violences. Cette région a été le théâtre d’un terrible conflit entre 2003 et 2008, opposant des rebelles issus de minorités ethniques à l’armée soudanaise et à des milices arabes, les Janjawids. Ce conflit a fait environ 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l’ONU.
Malgré un accord de paix signé en 2020, la situation reste très instable au Darfour. Les affrontements entre groupes armés sont fréquents et les civils en sont les premières victimes, subissant exactions, pillages et déplacements forcés.
Le conflit actuel entre l’armée et les FSR n’est qu’un nouvel épisode tragique dans l’histoire tourmentée de cette région. Il illustre la profonde instabilité qui continue de régner au Soudan, près de trois ans après la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.
Un impact régional
La guerre au Soudan a également des répercussions sur les pays voisins. Les combats ont provoqué un afflux de réfugiés dans les États frontaliers comme le Tchad, l’Érythrée ou l’Éthiopie, mettant sous pression des régions elles-mêmes fragiles.
Au-delà de l’urgence humanitaire, c’est toute la stabilité de la Corne de l’Afrique qui est menacée par ce conflit interminable. Un défi de plus pour la communauté internationale, qui peine à trouver les leviers pour peser sur la situation.
L’alerte lancée par l’ONU sur la situation à El-Fasher est donc un nouveau cri d’alarme, dans une guerre qui semble partie pour durer. Sans une action résolue de la communauté internationale et une vraie volonté de dialogue des parties en présence, le Soudan risque de s’enfoncer encore davantage dans un cycle de violences dont les civils sont les premières victimes.