La ville de Rennes, capitale de la Bretagne, est actuellement frappée par des inondations d’une ampleur inédite depuis plus de quatre décennies. Suite au passage de la dépression Herminia, l’Ille-et-Vilaine a été placée en vigilance rouge pour risque de crues, tout comme la Loire-Atlantique et le Morbihan. Mais comment expliquer l’intensité de ces inondations qui submergent les rues de Rennes ? Plusieurs facteurs, naturels et anthropiques, entrent en jeu.
Des cumuls de pluie historiques saturant les sols
Depuis le début de l’année 2025, les précipitations ont atteint des niveaux records à Rennes. Pas moins de 171 mm de pluie sont tombés en janvier, soit l’équivalent de 170 litres d’eau par mètre carré. C’est trois fois plus que la moyenne habituelle et bien au-delà du dernier record datant de 1995. Ces pluies diluviennes s’abattent sur des sols déjà gorgés d’eau après une année 2024 particulièrement humide. En hiver, la végétation endormie ne joue plus son rôle de drainage, laissant l’eau stagner et saturer rapidement les terres.
Toutes les gouttes d’eau qui tombent sont instantanément restituées dans les rivières. Aujourd’hui, la bassine est pleine et ça déborde.
Jean-Luc Jégou, directeur « Eau & Vilaine »
L’urbanisation de Rennes amplifie la montée des eaux
Depuis les années 1960, la ville de Rennes a connu un fort développement urbain. Cette bétonisation est un facteur aggravant des inondations, car elle empêche l’eau de s’infiltrer dans le sol et favorise le ruissellement. L’artificialisation des terres perturbe le cycle naturel de l’eau. Les zones construites trop près des cours d’eau subissent de plein fouet la montée des eaux.
Le changement climatique, un catalyseur des phénomènes extrêmes
Si les crues actuelles sont principalement liées à la variabilité naturelle de la météo, le changement climatique n’est pas étranger à leur intensité. Avec le réchauffement, l’atmosphère peut contenir davantage de vapeur d’eau, alimentant des précipitations plus abondantes. On observe un renforcement des contrastes saisonniers, avec moins de pluie l’été mais plus l’hiver, surtout dans le nord de la France.
Le débordement des rivières sera plus facile au fur et à mesure de ces tempêtes et des décrues plus lentes car les sols sont gorgés d’eau.
Simon Mittelberger, climatologue chez Météo-France
Face à ces inondations historiques, la ville de Rennes prend des mesures d’urgence pour protéger sa population. Un nouveau plan de prévention est à l’étude, avec notamment un projet de désimperméabilisation des sols. Mais il faudra aussi repenser l’aménagement du territoire sur le long terme pour mieux composer avec les risques climatiques de demain.
