Les inondations dévastatrices qui ont frappé l’Espagne la semaine dernière ont non seulement causé des dégâts matériels considérables et fait plus de 200 morts, mais elles ont également apporté leur lot de désagréments pour les habitants des zones sinistrées. En effet, dans les communes proches de Valence, le déluge de boue a charrié des odeurs pestilentielles qui suscitent de vives inquiétudes quant aux potentiels risques sanitaires.
Des effluves nauséabonds qui inquiètent
D’après un biologiste de l’Université polytechnique de Valence, ces odeurs “d’oeuf pourri, de soufre” proviennent de “la décomposition des matières organiques sans oxygène”. Si les inhaler n’est “pas idéal pour la santé”, il faudrait toutefois “des concentrations plus élevées” de substances décomposées dans l’air pour qu’elles deviennent réellement toxiques. Néanmoins, le scientifique avertit que sur la durée, “nous pouvons trouver de nombreux cas dans lesquels les gens ont des maux de tête et des distorsions de perception”.
Sur le terrain, de nombreux volontaires et sinistrés se sont plaints de migraines et de vertiges après avoir dû respirer ces mauvaises odeurs. Les masques, comme pendant la pandémie de Covid-19, ont refait leur apparition dans la région de Valence.
Un protocole de surveillance mis en place
Face à ces inquiétudes, la ministre de la Santé Mónica García se veut rassurante, indiquant qu'”actuellement, aucune épidémie liée aux inondations n’a été détectée”. Un protocole de surveillance a cependant été déployé “pour prévenir les infections et les maladies transmises par des agents se trouvant dans la boue et les eaux stagnantes”.
Une réponse qui ne convainc pas l’ONG Greenpeace, qui annonce qu’elle réalisera ses propres analyses de la boue, faute de pouvoir “vérifier la version officielle du gouvernement”.
Des risques de maladies à ne pas négliger
Suite à l’apparition de quelques cas de gastro-entérite, la ministre de la Santé a reconnu l’existence de “preuves scientifiques indiquant un risque lié à des agents pathogènes, en particulier dans les eaux stagnantes, pouvant déclencher des troubles gastro-intestinaux ou des pneumonies”. Par ailleurs, deux cas probables de leptospirose, une maladie bactérienne, ont été signalés chez des volontaires ayant participé aux opérations de nettoyage.
Pour éviter toute contamination, les autorités sanitaires ont diffusé une série de recommandations à l’attention des personnes se rendant dans les zones touchées :
- Porter un masque, des gants, des bottes, des manches longues, un pantalon et des lunettes de protection
- Être particulièrement vigilant lors de la manipulation d’eau stagnante ou de boues
Un nettoyage qui s’éternise
Plus de dix jours après le drame, de nombreuses communes de la région de Valence n’ont toujours pas évacué toute la boue qui les a recouvertes. La terre détrempée colore de marron les chaussées et les murs des habitations, tout en chariant des effluves plus ou moins intenses variant d’un endroit à l’autre en fonction des éléments en décomposition.
D’un supermarché à l’autre, les odeurs changent, passant de celle fétide de “viande pourrie” restée des jours sans électricité selon un agent de nettoyage, aux relents de soufre émanant des rues.
La puanteur devrait même s’aggraver dans les jours à venir d’après un pompier intervenant dans la zone, qui parie sur “encore quelques semaines” de désagréments olfactifs, en fonction “des moyens de nettoyage” déployés.
Gare à la prolifération des moustiques
Au-delà des odeurs, les autorités sanitaires de la province de Valence ont également dans leur viseur les risques de prolifération de moustiques dans les eaux stagnantes, vecteurs de maladies. Le ministère régional de la Santé a ainsi appelé les 79 communes frappées par la catastrophe à adopter des mesures pour y faire face.
Cette catastrophe naturelle, l’une des plus meurtrières en Espagne, continue donc de faire sentir ses effets délétères pour les populations locales. Si les pertes humaines sont terribles, les conséquences sanitaires et le retour à la normale s’annoncent comme un véritable chemin de croix pour les sinistrés. Les autorités tentent de rassurer, mais la vigilance reste de mise face aux menaces invisibles charriées par les flots de boue.