L’Espagne est sous le choc après les terribles inondations qui ont frappé le pays fin octobre, faisant pas moins de 226 morts. Face à l’ampleur de la catastrophe et à la colère qui gronde parmi les sinistrés, le gouvernement de Pedro Sánchez est plus que jamais sur la sellette. D’après une source proche du dossier, le Premier ministre socialiste espagnol va devoir rendre des comptes devant le Congrès des députés sur la gestion de cette crise sans précédent.
Le Pouvoir Contraint de S’expliquer
C’est un rendez-vous crucial qui attend Pedro Sánchez dans les prochains jours. Selon des informations concordantes, le chef du gouvernement espagnol a demandé à pouvoir s’exprimer devant les députés pour faire toute la lumière sur la réponse apportée par l’exécutif face aux inondations dévastatrices. Une intervention qui pourrait avoir lieu dès le 27 novembre, à l’occasion d’une séance plénière au palais des Cortes.
En Espagne, pays très décentralisé, la gestion des catastrophes relève normalement de la responsabilité des régions. Mais dans des circonstances aussi dramatiques, avec un bilan humain extrêmement lourd de 218 morts dans la seule région de Valence, le gouvernement central peut être amené à prendre la main. D’autant que de nombreuses voix s’élèvent pour pointer du doigt des défaillances dans l’anticipation et la réaction des autorités.
Des “Erreurs” Admises, des Responsabilités Pointées du Doigt
Du côté du parti au pouvoir, on semble vouloir faire profil bas. Si le ministre des Transports Óscar Puente a estimé dans la presse qu’“une partie importante des décès aurait pu être évitée” avec “un peu plus de prudence, d’anticipation et de vigilance”, le président de la région de Valence Carlos Mazón a lui admis des “erreurs” devant son parlement régional.
Mais dans le même temps, cet élu du Parti Populaire (PP), principale formation d’opposition, n’a pas manqué de renvoyer la balle dans le camp du gouvernement central. Carlos Mazón a ainsi fustigé “ceux qui se retranchent derrière des interprétations sur les compétences réglementaires et les petits caractères de règlements et de lois pour ne pas faire leur autocritique”. Une pique à peine voilée à l’encontre de Pedro Sánchez et son équipe.
La Colère Gronde Parmi les Sinistrés
C’est peu dire que la gestion des inondations par les autorités régionales et nationales est vivement critiquée parmi les populations touchées. De nombreuses manifestations ont eu lieu ces dernières semaines pour exprimer l’exaspération et la colère des sinistrés. La visite très tendue du roi Felipe VI à Valence début novembre, aux côtés de Pedro Sánchez, a donné lieu à des scènes de protestation particulièrement vives.
À Valence, près de 130 000 personnes ont défilé le 9 novembre pour dénoncer la gestion jugée calamiteuse des autorités. Le président régional Carlos Mazón a été directement pris à partie par une foule de manifestants scandant “Menteur!” et “Assassin!” lors d’un déplacement le 3 novembre. Des images choc qui illustrent le climat de défiance extrême envers le pouvoir.
Pedro Sánchez Face à ses Responsabilités
Dans ce contexte, l’intervention très attendue de Pedro Sánchez devant les députés s’annonce particulièrement délicate. Le Premier ministre, fragilisé par cette crise, va devoir convaincre sur la réponse apportée par son gouvernement. Nombre d’observateurs estiment que l’exécutif a péché par manque d’anticipation et de réactivité, alors même que les services météo avaient lancé des alertes.
Pedro Sánchez joue gros dans cette séquence politique à haut risque. Sa capacité à assumer ses responsabilités, à tirer les leçons du drame, et à proposer des solutions pour mieux prévenir et gérer ce type de catastrophes à l’avenir, sera scrutée de très près. Dans un pays encore traumatisé, le chef du gouvernement est attendu au tournant. Les familles de victimes et les sinistrés exigent des réponses et des actes forts.
Au-delà du bilan humain effroyable, ces inondations meurtrières auront donc également de lourdes conséquences politiques. Elles mettent en lumière de graves défaillances dans la chaîne de prévention et de gestion des risques en Espagne. Des failles béantes dont les plus hautes autorités de l’État vont devoir répondre. Pedro Sánchez joue une partie de sa crédibilité et de son avenir politique dans ce rendez-vous face aux élus de la nation.