C’est avec une immense tristesse que l’Espagne fait face aux conséquences dévastatrices des pires inondations qu’ait connues le pays depuis plus d’un demi-siècle. Alors que le bilan provisoire fait déjà état d’au moins 95 morts, principalement dans la région de Valence, et de nombreux disparus, les opérations de recherche de victimes se poursuivent sans relâche.
Selon des sources proches du dossier, près d’un millier de militaires ont été déployés sur le terrain aux côtés des pompiers, policiers et secouristes pour tenter de localiser d’éventuels survivants et déblayer les zones sinistrées. La priorité est maintenant de retrouver les personnes portées disparues, dont le nombre exact reste pour l’heure inconnu.
Une région dévastée par les eaux
Dans la région de Valence, la plus durement touchée, c’est un véritable chaos qui règne. Des milliers d’habitants sont toujours privés d’électricité, de nombreuses routes restent coupées et d’innombrables carcasses de voitures jonchent les chaussées, noyées dans la boue et les débris.
À Sedavi, commune de 10 000 âmes particulièrement affectée, les habitants sont sous le choc. Eliu Sanchez, un électricien de 32 ans, a confié à l’AFP avoir vécu “une nuit de cauchemar” :
Nous avons vu un jeune homme réfugié sur le toit de sa voiture dans un terrain vague. Il a essayé de sauter sur un autre véhicule mais le courant l’a emporté.
D’après les autorités locales, l’une des communes les plus meurtries est Paiporta, dans la banlieue sud de Valence, où une quarantaine de personnes ont perdu la vie, dont une mère et son bébé de trois mois, emportés par les flots.
Précipitations records
Les pluies qui se sont abattues sur le sud-est du pays dans la nuit de mardi à mercredi ont été d’une violence extrême. D’après l’agence météorologique Aemet :
- Plus de 300 litres d’eau par mètre carré sont tombés dans plusieurs villes de la région de Valence
- Un record de 491 litres a même été enregistré à Chiva, soit l’équivalent d’une année de précipitations
De nombreux médias espagnols n’hésitent pas à qualifier ces intempéries d’“inondations du siècle”. Certains s’interrogent sur la réactivité des autorités, l’alerte aux populations ayant été envoyée seulement mardi soir alors que l’Aemet avait émis une “alerte rouge” dès le matin.
Le phénomène de la “gota fria”
Ces pluies diluviennes sont liées à un phénomène météorologique appelé “gota fria” (goutte froide), fréquent en automne sur la côte méditerranéenne espagnole. Il s’agit d’une dépression isolée en altitude qui provoque des précipitations soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours.
Malheureusement, les scientifiques avertissent depuis plusieurs années que les épisodes météorologiques extrêmes comme celui-ci risquent de devenir de plus en plus fréquents et intenses à cause du changement climatique. Selon Jess Neumann, professeur à l’université de Reading au Royaume-Uni :
Ces inondations soudaines en Espagne sont un nouveau rappel terrible du changement climatique et de son caractère chaotique.
Solidarité nationale
Face à ce drame, le Premier ministre Pedro Sánchez a déclaré trois jours de deuil national. Lors d’une allocution télévisée, il a assuré que le gouvernement ne laisserait pas les sinistrés “seuls”, tout en appelant les habitants de la région à rester vigilants.
Une visite du chef du gouvernement est prévue ce jeudi matin à Valence, au Centre de coordination des secours, pour faire un point de situation. Toute l’Espagne se mobilise pour venir en aide aux populations touchées et rendre hommage aux victimes de cette catastrophe, qui rappelle douloureusement la vulnérabilité de nos sociétés face aux aléas climatiques.
