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Ingérences russes dans le référendum européen en Moldavie

Le référendum moldave sur l'adhésion à l'UE a subi de nombreuses tentatives d'ingérences russes selon les autorités. Découvrez les accusations d'achats de votes, de désinformation et de formations de perturbateurs. La Moldavie reste tiraillée entre Est et Ouest...

Le référendum moldave sur l’adhésion ou non à l’Union européenne a été marqué par de multiples accusations d’ingérences russes visant à influencer l’issue du vote. Selon les résultats officiels, le “oui” l’a emporté d’une courte tête avec 50,45% des suffrages. Mais derrière ce score serré se cache une vaste campagne de déstabilisation orchestrée depuis Moscou, peu encline à voir cette ancienne république soviétique se rapprocher de l’Occident.

Un système d’achat de votes à grande échelle

L’une des principales méthodes d’ingérence dénoncées par les autorités moldaves est la mise en place d’un vaste réseau d’achat de votes, impliquant plus de 130 000 citoyens sur les 2,6 millions d’habitants que compte le pays. D’après la police, ce système était chapeauté par l’oligarque prorusse Ilan Shor, exilé à Moscou. Quelque 15 millions de dollars auraient ainsi transité via des comptes ouverts dans une banque russe pour rémunérer les électeurs tentés de voter “non” au référendum.

Des formations de perturbateurs en Russie

Outre l’achat de votes, l’enquête a révélé que plus de 300 ressortissants moldaves avaient été envoyés en Russie ces derniers mois pour y suivre des formations visant à perturber les scrutins. Au programme : “tactiques de déstabilisation de l’ordre constitutionnel” et même “fabrication d’engins incendiaires et explosifs”. Certains auraient aussi été formés en Serbie et en Bosnie par des instructeurs liés au groupe paramilitaire Wagner.

Des milliers de tracts anti-UE saisis

La propagande antieuropéenne s’est aussi déployée via la diffusion massive de tracts appelant à voter “non”. Des dizaines de milliers d’exemplaires ont été saisis par la police à quelques jours du scrutin. Une opération de désinformation 2.0 avait également été lancée sur les réseaux sociaux, avec la création de fausses pages Facebook sponsorisées promouvant les intérêts russes. Des “deep fakes” de la présidente proeuropéenne Maia Sandu avaient aussi été diffusés pour la discréditer.

C’est une attaque sans précédent contre la liberté et la démocratie de notre pays, via des dizaines de millions d’euros, des mensonges et de la propagande.

Maia Sandu, présidente moldave

Des accusations rejetées par Moscou

Face à ces accusations, Moscou crie au “trucage” du scrutin et dénonce des “anomalies” dans le comptage des voix. Mais pour de nombreux observateurs, ces ingérences russes n’ont rien de surprenant. Elles s’inscrivent dans la stratégie du Kremlin pour garder un œil sur cette ancienne république soviétique, devenue un nouveau terrain d’affrontement entre Est et Ouest depuis le début de la guerre en Ukraine.

Un fragile équilibre

Malgré la victoire du “oui”, la Moldavie reste profondément divisée sur son avenir européen. Le pays doit composer avec la présence de la Transnistrie, région séparatiste prorusse, et sa dépendance énergétique envers Moscou. Des manifestations des deux camps ont encore eu lieu au lendemain du scrutin, signe d’une société polarisée.

Dans ce contexte tendu, la présidente Maia Sandu, donnée gagnante de la présidentielle organisée en parallèle du référendum, aura fort à faire pour rapprocher son pays des standards européens tout en ménageant son puissant voisin russe. Un fragile équilibre sous haute surveillance, à l’aune de ce référendum sous influence.

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