Et si votre passeport devenait une arme contre vous ? En Hongrie, cette idée ne relève plus de la fiction. Le gouvernement prépare un bouleversement constitutionnel qui pourrait transformer la vie de milliers de binationaux. L’objectif affiché : protéger la sécurité nationale face à des influences étrangères jugées menaçantes. Mais derrière cette mesure radicale, se dessine une lutte bien plus large, mêlant pouvoir, idéologie et contrôle des esprits.
Un tour de vis constitutionnel
Le projet est clair : modifier la Constitution pour permettre la suspension temporaire de la citoyenneté hongroise des individus possédant un second passeport. Une fois leur nationalité mise en pause, ces personnes pourraient être expulsées du pays. Seule exception ? Les ressortissants de l’Union européenne, qui échappent pour l’instant à cette mesure. D’après une source proche du dossier, cette réforme vise ceux qui, par leurs actions ou leurs financements, mettraient en péril la stabilité du pays.
Le parti au pouvoir, connu pour ses positions fermes, justifie cette décision par une montée des ingérences étrangères. Ces dernières années, des fonds venus d’ailleurs auraient alimenté des organisations et des médias locaux, perçus comme des relais d’intérêts extérieurs. Une déclaration officielle sur les réseaux sociaux souligne : les puissances étrangères chercheraient à manipuler les processus électoraux hongrois sous couvert d’indépendance.
Un combat contre les influences extérieures
Ce n’est pas la première fois que la Hongrie brandit le spectre des interventions étrangères. Depuis plus d’une décennie, le Premier ministre nationaliste au pouvoir accuse certains acteurs internationaux de vouloir déstabiliser le pays. Parmi les cibles privilégiées : les ONG financées par des donateurs étrangers, souvent qualifiées de « corrompues » ou de « relais des réseaux libéraux ». Ces organisations, selon lui, menaceraient les valeurs fondamentales hongroises.
Ces dernières années, des spéculateurs étrangers ont tenté de s’immiscer dans nos affaires internes.
– Un responsable du parti gouvernemental
Ce discours trouve un écho particulier depuis que des alliés internationaux, notamment outre-Atlantique, ont réduit leur soutien financier à certaines initiatives mondiales. Encouragé par cette dynamique, le gouvernement hongrois veut aller plus loin : non seulement limiter ces financements, mais aussi punir ceux qui les reçoivent ou les facilitent. Un milliardaire philanthrope, né en Hongrie et naturalisé américain, pourrait même être directement visé, selon des hypothèses relayées par plusieurs observateurs.
Une mesure qui divise
Si cette réforme est adoptée – et tout porte à croire qu’elle le sera, vu la majorité confortable du parti au Parlement –, elle entrera en vigueur dès le 15 avril. Mais elle ne fait pas l’unanimité. Pour ses détracteurs, elle viole les principes fondamentaux du droit européen. Bruxelles a d’ailleurs déjà saisi la justice, estimant que cette suspension de citoyenneté est une atteinte aux libertés individuelles. Le débat promet d’être houleux.
Pourtant, le gouvernement reste inflexible. Il argue que cette mesure est essentielle pour protéger la souveraineté nationale. Les binationaux, dans ce schéma, deviennent des suspects potentiels, des passerelles par lesquelles des influences extérieures pourraient s’infiltrer. Mais qui décide de ce qui constitue une menace ? La réponse reste floue, laissant craindre des dérives arbitraires.
Des valeurs hongroises sous haute protection
Cette réforme s’inscrit dans une logique plus large. Le même jour, un autre texte doit entrer en vigueur, visant à restreindre la Marche des fiertés dans sa forme actuelle. Le gouvernement affirme défendre les droits des enfants à un développement « sain » et proclame une vision binaire du genre : on est « soit homme, soit femme ». Pour les autorités, ces mesures visent à préserver l’identité nationale face à un Occident accusé de bouleverser les normes traditionnelles.
- Protéger la famille comme institution sacrée.
- Préserver une vision traditionnelle de l’identité.
- Contrer les influences jugées contraires aux valeurs locales.
Malgré ces restrictions, la parade des fiertés, prévue le 28 juin, continue d’attirer des milliers de participants. Un symbole de résistance face à un pouvoir qui durcit sans cesse le ton.
Un pouvoir renforcé, des contre-pouvoirs muselés
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le chef du gouvernement hongrois a méthodiquement consolidé son autorité. Médias, justice, institutions : les contre-pouvoirs ont été progressivement affaiblis. Une autorité de surveillance a même été créée pour traquer ce que le régime considère comme des agents de l’étranger. Cette nouvelle loi sur les binationaux s’inscrit dans cette continuité, renforçant un contrôle déjà bien établi.
Année | Mesure | Objectif |
2010 | Arrivée au pouvoir | Centralisation de l’autorité |
2025 | Suspension de citoyenneté | Lutte contre les ingérences |
Ce tableau simplifié montre une progression claire : chaque étape renforce la mainmise sur le pays. Mais à quel prix pour les libertés individuelles ?
Et après ?
La Hongrie se trouve à un tournant. D’un côté, un gouvernement déterminé à imposer sa vision, quitte à s’isoler sur la scène européenne. De l’autre, une société qui, malgré les restrictions, continue de s’exprimer, que ce soit dans la rue ou à travers des réseaux alternatifs. La question reste ouverte : cette politique est-elle une défense légitime de la souveraineté ou un pas de plus vers un régime autoritaire ?
Une chose est sûre : les mois à venir seront décisifs. Entre tensions avec Bruxelles, mobilisation citoyenne et durcissement législatif, le pays d’Europe centrale n’a pas fini de faire parler de lui. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Note : Cet article repose sur des informations relayées par des sources officielles et des observateurs indépendants, sans parti pris.