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Indre : Le RN en tête, l’insécurité en toile de fond

Dans l'Indre, le RN arrive en tête partout sur fond d'une vague d'homicides inédite. Plongée dans un département où l'insécurité fait basculer le vote vers les extrêmes. Un reportage saisissant.

Au cœur de l’Indre, un vent de colère et d’inquiétude souffle sur les villages et les villes. Dans ce département rural du centre de la France, le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête dans toutes les communes lors des dernières élections européennes. Un séisme politique qui trouve son origine dans la montée de l’insécurité et une série d’homicides qui ont profondément marqué les esprits.

Saint-Michel-en-Brenne, miroir des inquiétudes

Direction Saint-Michel-en-Brenne, 322 âmes, pour prendre le pouls de ce vote contestataire. Au Saint-Cyran, café-restaurant qui fait office de point névralgique du village, les langues se délient. « Il faut essayer l’extrême droite pour l’adopter », lance Jean-Claude, pisciculteur, entre deux bouchées de son chili maison. Un refrain entendu à de nombreuses reprises ici.

Antoine et Clément, deux jeunes de 23 ans, avouent sans détour leur intention de voter RN aux prochaines législatives. « On n’a jamais vraiment essayé l’extrême droite », justifient-ils avant d’invoquer « la montée de la délinquance » et le fait que cela « ne nous touchait pas avant ». Mais un drame récent a changé la donne.

Le meurtre de Matisse, l’électrochoc

Fin avril, Matisse, adolescent de 15 ans et fils d’un restaurateur connu de Châteauroux, est poignardé à mort par un jeune Afghan lors d’une rixe. Un événement qui a profondément choqué le département, et en particulier Saint-Michel-en-Brenne où une partie de la famille de la victime réside. « C’est arrivé à un petit jeune d’ici, qui aurait pu être mon cousin », confie Antoine, ému.

Le meurtre de Matisse n’est malheureusement pas un cas isolé. En l’espace de deux mois, quatre homicides ont été recensés à Châteauroux, un chiffre inédit pour la préfecture de l’Indre. Règlements de comptes, rixes mortelles… Autant de drames qui font dire à beaucoup que « la grande criminalité a rattrapé les villes moyennes et les zones rurales ».

Le vote RN, un vote contestataire

Dans ce contexte, le vote pour le Rassemblement national apparaît comme un vote de protestation et de désespoir pour de nombreux habitants de l’Indre. « Les gens en ont marre, ils veulent du changement et pensent que seule l’extrême droite peut leur apporter des solutions », analyse Françoise, commerçante à Châteauroux.

Un sentiment partagé par Michel, agriculteur à la retraite : « On a tout essayé, la droite, la gauche, maintenant on tente l’extrême droite. Au point où on en est… ». Pour beaucoup, voter RN est devenu un moyen d’exprimer son ras-le-bol face à une situation qui semble leur échapper.

L’Indre, laboratoire de la France périphérique ?

Au-delà du cas de l’Indre, ce basculement vers le RN dans les zones rurales et les villes moyennes interroge sur le malaise grandissant d’une France dite « périphérique ». Une France qui se sent délaissée, oubliée des pouvoirs publics et en proie à un sentiment d’insécurité croissant.

« Châteauroux, ça craint maintenant », lâche Kevin, 29 ans, employé dans un supermarché. Un constat amer qui en dit long sur l’état d’esprit qui règne dans ce département de l’Indre. Face à la montée de la délinquance et des violences, beaucoup semblent tentés par les sirènes de l’extrême droite, perçue comme la seule alternative crédible.

Il serait cependant réducteur de résumer ce vote RN à la seule question sécuritaire. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, comme la désindustrialisation, la fracture territoriale ou encore le sentiment d’être les oubliés de la mondialisation. Autant d’ingrédients qui constituent un terreau fertile pour les discours populistes.

Une chose est sûre, le séisme politique qui a secoué l’Indre lors des européennes est le symptôme d’un malaise profond qui traverse la France des territoires. Un avertissement aussi pour le pouvoir en place, sommé de répondre aux attentes d’une population qui se sent abandonnée. Faute de quoi, le vote contestataire risque de se pérenniser, avec le danger d’une fragmentation toujours plus grande du pays.

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