C’est une scène inédite qui s’est déroulée vendredi après-midi à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Alors qu’un jeune sans-papiers malien de 25 ans, Moussa, devait être expulsé vers Bamako sur le vol AF520, des dizaines de passagers ont décidé d’empêcher son embarquement. Une mobilisation spontanée déclenchée sur les réseaux sociaux, qui a rapidement pris une ampleur nationale et relancé le débat sur la politique migratoire française.
Le destin bouleversé de Moussa, symbole malgré lui
Arrivé en France il y a 8 ans, Moussa a vécu la majeure partie de sa vie d’adulte dans l’hexagone. Malgré de multiples démarches, il n’a jamais réussi à régulariser sa situation. Placé en centre de rétention il y a une semaine suite à un contrôle, il était sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Son expulsion vers le Mali était programmée ce vendredi 28 juin.
C’était sans compter sur la détermination de ses soutiens. Alertés, des militants associatifs et citoyens engagés ont lancé un appel sur Twitter, exhortant les passagers de son vol à se mobiliser avec le désormais célèbre hashtag #LibérezMoussa. Relayé massivement, le message est rapidement devenu viral.
Une mobilisation inédite à l’aéroport
Répondant à l’appel, plusieurs dizaines de passagers du vol se sont rassemblés devant la porte d’embarquement, scandant des slogans et brandissant des pancartes de soutien à Moussa. Malgré les tentatives d’dialogue de la police aux frontières, la foule en colère a refusé de bouger, bloquant l’accès à l’avion.
On ne peut pas laisser faire ça, c’est inhumain. Moussa fait partie de notre pays maintenant, sa place est ici !
– Une passagère mobilisée
Après plus d’une heure de bras de fer et de négociations tendues, la police a finalement renoncé à embarquer le jeune Malien de force. Sous les vivats de la foule, il a pu quitter le terminal, libre.
Un cas emblématique qui enflamme le débat
Au-delà du destin individuel de Moussa, cette mobilisation remet une nouvelle fois en lumière la question épineuse des expulsions de sans-papiers. Depuis des années, associations et militants dénoncent une politique migratoire jugée trop répressive, pointant le nombre record d’OQTF prononcées.
De l’autre côté, le gouvernement défend la nécessité de reconduites aux frontières pour les étrangers en situation irrégulière. Le ministre de l’Intérieur a rapidement réagi, promettant que “l’État de droit serait appliqué” et que Moussa serait à nouveau convoqué pour expulsion dès que possible.
Une posture ferme immédiatement dénoncée par les soutiens du jeune Malien, qui promettent de continuer le combat. Des rassemblements sont d’ores et déjà prévus dans plusieurs villes ce week-end.
Une affaire partie pour durer
Quoi qu’il advienne dans les prochains jours, un cap a été franchi avec cette mobilisation sans précédent. Elle témoigne du malaise grandissant d’une partie de la société française face à une politique migratoire perçue comme déshumanisante. Le hashtag #LibérezMoussa est en passe de devenir le nouveau cri de ralliement de ceux qui réclament plus d’humanité dans le traitement des sans-papiers.
Le gouvernement va devoir manœuvrer avec prudence sur ce sujet inflammable dans les prochaines semaines. Le cas de Moussa est loin d’être isolé, et nul doute que chaque nouvelle tentative d’expulsion donnera lieu à une résistance accrue de la société civile. La pression monte pour réformer en profondeur le système actuel et ouvrir un vrai débat de fond sur la place de l’immigration dans notre pays. Une équation complexe à résoudre pour l’exécutif.