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Inde : Acquittés Après 19 Ans, Justice Inachevée

Libérés après 19 ans pour les attentats de Bombay, ils clament leur innocence. Mais qui est vraiment coupable ? Une affaire qui soulève des questions troublantes...

Imaginez passer près de deux décennies derrière les barreaux pour un crime que vous n’avez pas commis. C’est l’histoire bouleversante de Mohammad Sajid Margub Ansari, l’un des 12 hommes acquittés en 2025 après avoir été accusés des attentats meurtriers de Bombay en 2006. Ces attaques, qui ont coûté la vie à 189 personnes, ont laissé des cicatrices profondes, non seulement sur les victimes, mais aussi sur ceux qui, comme Ansari, ont vu leur vie brisée par une justice défaillante. Cet article explore les ramifications de cette affaire, les luttes des acquittés, et les questions persistantes sur la vérité.

Une tragédie qui a secoué Bombay

Le 11 juillet 2006, Bombay, la capitale économique de l’Inde, est plongée dans l’horreur. En pleine heure de pointe, sept bombes artisanales explosent dans des trains de banlieue, déchirant les wagons et semant la panique. Le bilan est effroyable : 189 morts et plus de 800 blessés. Ces attentats, d’une violence inouïe, visaient les voitures de première classe, supposément occupées par une élite économique de l’État du Gujarat. Les autorités pointent rapidement du doigt un groupe islamiste, le Lashkar-e-Taiba, un mouvement jihadiste basé au Pakistan, bien que les attaques soient revendiquées par un groupe moins connu, le Lashkar-e-Qahhar.

Ce drame a non seulement marqué les victimes et leurs familles, mais a aussi déclenché une chasse à l’homme massive. Les enquêteurs, sous pression, arrêtent rapidement plusieurs suspects, dont Mohammad Sajid Margub Ansari, un réparateur de téléphones et d’ordinateurs alors âgé de 29 ans. Accusé d’avoir fabriqué les explosifs et hébergé des complices, il est jeté en prison, sa vie suspendue, son avenir incertain.

Un acquittement tardif, une justice incomplète

En 2015, neuf ans après les attentats, 12 hommes, dont Ansari, sont condamnés. Cinq écopent de la peine de mort, les autres, de la prison à perpétuité. Pourtant, en juillet 2025, la cour d’appel prononce un verdict inattendu : l’acquittement des 12 accusés. Les juges estiment que l’accusation n’a pas réussi à prouver leur culpabilité au-delà du doute raisonnable. Une décision confirmée par la Cour suprême, qui rejette toute suspension de leur libération.

« C’est incroyable d’être libre, mais justice n’a pas été rendue. »

Mohammad Sajid Margub Ansari

Pour Ansari, la liberté a un goût amer. À 48 ans, il a perdu sa jeunesse, sa relation avec sa fille, née alors que sa femme était enceinte au moment de son arrestation. Il raconte, dans une interview émouvante, la douleur de voir sa fille hésiter à l’approcher lors de leurs retrouvailles. Cette distance, fruit de 19 ans d’absence, est une blessure qu’aucun verdict ne peut guérir.

Les cicatrices des victimes

Si les accusés acquittés portent le poids d’une injustice, les victimes des attentats, elles, cherchent encore des réponses. Chirag Chauhan, 40 ans, est l’une d’elles. Ce jour fatidique de 2006, il rentrait chez lui après une formation en comptabilité lorsque l’explosion dans son train l’a laissé paralysé. Depuis, il se déplace en fauteuil roulant, sa vie transformée à jamais. Pour lui, l’acquittement des 12 hommes est un choc, un « retour à la case départ ».

« Tous sont à blâmer : la justice, les services d’enquête, tout le monde. »

Chirag Chauhan

Chauhan, tout en reconnaissant que les accusés pourraient avoir été piégés, exige une enquête impartiale. Il s’interroge : si les 12 hommes ne sont pas coupables, qui a orchestré ces attentats ? Cette question hante non seulement les victimes, mais aussi l’ensemble de la société indienne, confrontée à un système judiciaire sous pression et à des enquêtes parfois bâclées.

Un système judiciaire en question

Le cas des attentats de Bombay met en lumière les failles du système judiciaire indien. Ansari, par exemple, accuse les forces de l’ordre d’avoir fabriqué des preuves contre lui. Il va plus loin, affirmant que les officiers de police et les enquêteurs « devraient avoir honte » de leurs actions. Ce sentiment d’injustice est partagé par d’autres acquittés, qui ont vu leurs vies détruites par des accusations non étayées.

  • 19 ans de détention : Les accusés ont passé près de deux décennies en prison avant leur acquittement.
  • Preuves insuffisantes : La cour d’appel a jugé que l’accusation manquait de preuves solides.
  • Appel en cours : Le parquet conteste le verdict devant la Cour suprême, prolongeant l’incertitude.

Les attentats de 2006 étaient, selon l’accusation, une vengeance pour les émeutes antimusulmanes de 2002 dans le Gujarat, qui avaient fait plus de 2 000 morts. En ciblant les trains de première classe, les auteurs auraient cherché à frapper une communauté perçue comme aisée. Mais l’absence de preuves concluantes et les acquittements récents jettent un doute sur cette théorie, laissant planer le mystère sur les véritables responsables.

Reconstruire après l’injustice

Pour Ansari, la liberté marque le début d’un nouveau combat : celui de reconstruire sa vie. Il a abandonné l’idée de rouvrir son atelier de réparation, mais il nourrit un nouvel espoir. En prison, il a entamé des études de droit, qu’il souhaite désormais achever. Son objectif ? Utiliser ses connaissances pour défendre d’autres victimes d’erreurs judiciaires. Cette ambition témoigne d’une résilience remarquable, mais aussi d’une volonté de transformer une tragédie personnelle en un combat pour la justice.

Pour les victimes comme Chauhan, la reconstruction est tout aussi complexe. La douleur physique et émotionnelle reste vive, et l’absence de réponses claires aggrave leur sentiment d’abandon. Pourtant, certains, comme Chauhan, refusent de céder au désespoir, plaidant pour une vérité qui pourrait enfin apaiser les blessures du passé.

Un appel à la vérité

Les attentats de Bombay de 2006 et leurs suites judiciaires soulèvent des questions universelles : comment garantir une justice équitable dans des affaires aussi complexes ? Comment protéger les innocents tout en rendant hommage aux victimes ? Ces interrogations résonnent au-delà de l’Inde, dans un monde où les erreurs judiciaires et les enquêtes sous pression ne sont pas rares.

Événement Date Conséquences
Attentats de Bombay 11 juillet 2006 189 morts, 800+ blessés
Condamnations 2015 5 peines de mort, 7 perpétuités
Acquittement Juillet 2025 Libération des 12 accusés

Pour Ansari, Chauhan, et les milliers de personnes touchées par cette tragédie, l’histoire n’est pas terminée. Les acquittements de 2025 marquent un tournant, mais ils ne répondent pas à la question centrale : qui est responsable ? Une enquête approfondie et impartiale est nécessaire pour lever le voile sur cette affaire et rendre justice, non seulement aux victimes des attentats, mais aussi à ceux qui ont souffert d’une erreur judiciaire.

En attendant, les voix d’Ansari et de Chauhan continuent de résonner, rappelant que la quête de vérité est un combat de tous les instants. Leur histoire est un appel à réfléchir sur la fragilité de la justice et sur l’importance de ne jamais abandonner la recherche de la vérité, même face à l’adversité.

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