Bienvenue à Motel Destino, un établissement pas franchement trois étoiles sur la côte brésilienne du Nordeste. C’est le décor glauque et kitsch choisi par le réalisateur Karim Aïnouz pour son nouveau film en compétition au Festival de Cannes. Un thriller érotique en mode caliente qui va vous en mettre plein les yeux !
Des draps froissés et des néons criards
Motel Destino, c’est le genre d’adresse où on ne va pas pour une nuit de noces. Les chambres aux murs bariolés accueillent des couples clandestins pour quelques heures de galipettes torrides. Aux manettes de cet antre de luxure, on trouve Elias et sa compagne Dayana, un duo très ouvert d’esprit qui n’hésite pas à proposer des sex-toys à ses clients.
Mais sous les draps froissés et les néons criards, ce motel décati cache une intrigue dangereuse. C’est là que débarque Heraldo, un jeune homme en cavale poursuivi pour une sombre histoire de contrat foireux. Fauché et paumé, il se retrouve embauché par le couple de gérants. Le voilà propulsé homme à tout faire de ce love hotel en perdition, entre les poules du jardin et les ébats sonores des clients.
Motel Destino brouille les pistes entre thriller, chronique sociale et mélo caliente.
Le Monde
Un triangle amoureux inflammable
Mais Heraldo est un aimant à problèmes. Sa présence va vite créer des étincelles dans le couple dysfonctionnel formé par Elias et Dayana. Un triangle amoureux se dessine, aussi inflammable que les tenues en latex des clients. Le jeune fuyard va se retrouver piégé dans un engrenage fatal, sur fond de jalousie, de manipulation et de pulsions incontrôlables.
Avec une mise en scène suintant le désir et la moiteur tropicale, Karim Aïnouz signe un thriller surprenant et dérangeant. Il explore le côté sombre et destructeur de la passion, tout en peignant le portrait d’une jeunesse brésilienne désœuvrée, prête à tout pour s’extirper de la pauvreté. Un cocktail explosif de sexe, de fric et de trahison, qui ne vous laissera pas indemne.
Le choc cannois de Karim Aïnouz
Après le film en costumes d’époque Le Jeu de la reine l’an dernier, le réalisateur Karim Aïnouz change radicalement de registre avec ce thriller sexuel poisseux et fiévreux. Il confirme sa place d’électron libre du cinéma d’auteur brésilien, n’hésitant pas à bousculer les codes et à mettre le spectateur mal à l’aise.
Motel Destino a en tout cas fait sensation sur la Croisette. Il a divisé la critique mais ne laisse personne indifférent. Certains crient au scandale, d’autres saluent l’audace d’un cinéma brut et sans concession. Après la projection, les discussions vont bon train au Café Marly, le QG des cinéphiles en goguette. « Une bombe ! », « Trash et brillant », « Limite pornographique », les qualificatifs fusent au milieu des expressos et des pains au chocolat.
Une chose est sûre, le film d’Aïnouz ne passera pas inaperçu dans cette compétition cannoise. Surtout qu’il offre un rôle sulfureux à Iago Xavier, la nouvelle coqueluche du cinéma brésilien repérée dans la série Netflix Cangaço Nouveau. En boxeur tourmenté aux abdos luisants de sueur, il crève l’écran et pourrait bien rafler un prix d’interprétation.
Alors, un choc immoral ou un coup de maître ? Un pensum érotique ou un instant de cinéma brûlant ? Le jury présidé par Julia Roberts devra trancher. En attendant son verdict, une virée à Motel Destino risque de vous coller des images bien difficiles à oublier. Âmes sensibles et prudes s’abstenir !
