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Incertitudes économiques en France suite à la chute du gouvernement

La chute du gouvernement sans budget 2025 inquiète économistes et marchés financiers. Croissance affaiblie, déficit en hausse, taux d'intérêt sous tension... La France joue gros. Quels scénarios possibles pour l'économie française ?

La chute probable du gouvernement français sans adoption d’un budget pour 2025 risque de pénaliser lourdement l’économie du pays dans les mois à venir, selon de nombreux économistes. Si le spectre d’une « tempête » économique brandie par l’exécutif semble exagéré à ce stade, les conséquences négatives sur la croissance, le déficit public et les taux d’emprunt seront bien réelles.

Un déficit public qui s’annonce plus élevé que prévu

En l’absence de vote d’un budget, la France devra se contenter soit d’un « budget édulcoré » avec des concessions, soit d’une simple reconduction du budget 2024. Dans les deux cas, l’objectif de ramener le déficit public à 5% du PIB en 2025 sera manqué, projette Maxime Darmet, économiste chez Allianz.

Un budget reconduit signifierait un gel des dépenses de l’État en valeur, soit entre 15 et 18 milliards d’euros d’économies selon l’OFCE, un niveau proche de l’effort initialement prévu. Mais les dépenses sociales, elles, continueraient d’augmenter, tandis que l’État devrait renoncer à au moins 20 milliards de hausses d’impôts envisagées. La banque Natixis anticipe dans ce cas un déficit à 5,3% du PIB, loin de l’objectif.

Des gagnants et des perdants

Un éventuel budget a minima ferait des gagnants et des perdants. Les retraités verraient leurs pensions revalorisées dès janvier à hauteur de l’inflation, alors que le gouvernement ne prévoyait de le faire que pour les petites retraites. Mais les ménages subiraient une hausse mécanique de l’impôt sur le revenu, le barème n’étant pas ajusté en fonction de l’inflation.

Les collectivités locales risquent aussi d’être pénalisées par un gel de leurs dotations, menaçant le fonctionnement des services publics. Certaines pourraient être tentées de relever les impôts locaux pour compenser, prévient l’économiste.

Une croissance économique affaiblie

Cette baisse contrainte des dépenses publiques pèsera inévitablement sur la croissance économique, très dépendante de l’investissement public en France. « Avec un budget reconduit, on aurait un retournement de ce qui a permis de maintenir un peu de croissance jusqu’ici », souligne Charles-Henri Colombier, de l’institut Rexecode.

La hausse de la pression fiscale sur les revenus des ménages n’incitera pas non plus à la consommation. S’y ajouterait un effet négatif lié à l’incertitude politique, évalué jusqu’ici à 0,2 point de PIB pour 2025 par l’OFCE, conduisant ménages et entreprises à la prudence. Sans parler d’une défiance grandissante des investisseurs étrangers.

Des secousses sur les marchés financiers

La chute du gouvernement fait déjà trembler les marchés. Le taux de l’emprunt public français à 10 ans est rapidement monté à 2,92% suite à l’annonce, tandis que le « spread » avec le taux allemand, baromètre de la confiance des investisseurs, s’est écarté.

Heureusement, la politique de baisse des taux engagée par la Banque centrale européenne en juin, permise par le recul de l’inflation en zone euro, détend la pression. Mais la lassitude pourrait gagner les marchés « si rien ne bouge dans les prochains mois, et alors tout pourrait très vite s’emballer », prévient un gérant obligataire.

Face à ces risques, le gouvernement et les forces politiques devront trouver un compromis budgétaire rapidement. Faute de quoi, c’est toute la trajectoire de redressement des finances publiques et de relance de la croissance en France qui sera compromise, une bien mauvaise nouvelle dans un contexte économique déjà incertain.

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