Le climat politique actuel, marqué par l’incertitude, n’est pas sans conséquences sur l’économie française. Alors que les ménages et les entreprises peinent à se projeter dans l’avenir, leur comportement de consommation et d’investissement s’en trouve affecté. Une situation qui pèse sur la croissance du pays, déjà fragilisée par un contexte international compliqué.
Un attentisme préjudiciable à l’activité économique
Face aux incertitudes politiques, les acteurs économiques ont tendance à adopter une position attentiste. Les ménages, inquiets pour leur avenir, préfèrent épargner plutôt que consommer. Une attitude qui se traduit par une faiblesse de la demande intérieure, pourtant moteur essentiel de la croissance.
Du côté des entreprises, c’est l’investissement qui marque le pas. Malgré un contexte de taux bas favorisant théoriquement les projets, les sociétés hésitent à se lancer dans des dépenses d’envergure. Un comportement là encore lié à l’incertitude ambiante, qui complique les prévisions et la prise de décision.
Selon les projections de la Banque de France, l’inflation tomberait l’année prochaine à 1,5 %. Un recul bienvenu, mais insuffisant pour dissiper totalement les craintes.
Banque de France
L’ombre des décisions gouvernementales à venir
La formation tardive du gouvernement Barnier et les orientations de politique économique qu’il adoptera sont également scrutées de près. Les arbitrages à venir en matière de fiscalité, de dépenses publiques ou encore de réforme des retraites sont autant de facteurs d’incertitude qui pèsent sur le climat des affaires.
Dans ce contexte, les chefs d’entreprise peinent à se projeter et à bâtir des stratégies de long terme. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de 2012-2013, où l’incertitude politique avait également plombé l’activité.
- L’indice de confiance des ménages est en recul depuis plusieurs mois
- Le climat des affaires se dégrade dans la plupart des secteurs
- L’investissement des entreprises ralentit fortement depuis début 2024
Perspectives moroses pour le second semestre
Dans ces conditions, les perspectives pour la fin de l’année apparaissent moroses. Si le rebond lié aux Jeux olympiques devrait soutenir temporairement l’activité, il ne suffira pas à inverser la tendance. La Banque de France table ainsi sur une croissance de seulement 0,2% au troisième trimestre, suivie d’une quasi-stagnation au quatrième.
Un scénario peu encourageant, qui pourrait même se dégrader en cas de durcissement des conditions financières. Car si les taux restent pour l’instant à des niveaux historiquement bas, une remontée n’est pas à exclure dans les prochains mois. Un facteur supplémentaire d’incertitude pour les entreprises et les ménages.
Vers une clarification de la situation politique ?
À plus long terme, une clarification de la situation politique sera indispensable pour redonner confiance aux acteurs économiques. La mise en place de réformes structurelles, favorables à la compétitivité et à l’emploi, pourrait contribuer à lever les incertitudes.
Les chocs de confiance ont joué un rôle central dans les fluctuations économiques de ces 25 dernières années.
Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France
Mais dans l’immédiat, c’est bien le retour de la confiance qui fait défaut. Une confiance qui ne pourra revenir qu’avec une stabilisation du paysage politique et une visibilité accrue sur les orientations économiques du pays. Un défi majeur pour le nouveau gouvernement, dont les premières décisions seront scrutées de très près.
En attendant, l’économie française risque de rester enlisée dans une croissance molle, loin des niveaux espérés pour résorber le chômage et moderniser le pays. Un nouveau coup dur pour les ménages et les entreprises, déjà éprouvés par des années de crise.