Le calme de la nuit a été brutalement interrompu à Caluire-et-Cuire, ville voisine de Lyon, par un violent incendie qui s’est déclaré dans un squat aux alentours d’une heure du matin ce mardi. Selon les premiers éléments recueillis sur place, le sinistre a fait au moins quatre blessés dont deux dans un état grave après s’être défenestrés pour échapper aux flammes.
L’alerte a été donnée peu après 1h par plusieurs riverains réveillés par l’épaisse fumée et les cris provenant de l’immeuble squatté, situé en haut de la montée de la Boucle. À l’arrivée des secours, deux personnes gisaient au sol après avoir sauté par les fenêtres pour fuir le brasier. Elles ont été prises en charge en urgence absolue et transportées vers les hôpitaux lyonnais. Deux autres occupants ont été plus légèrement blessés.
Un immeuble connu pour sa vétusté et son insalubrité
Cet immeuble en pisé, une technique de construction traditionnelle à base de terre crue, était connu des autorités pour son état de délabrement avancé. Muré et inoccupé depuis des années, il avait été investi il y a un an par une centaine de personnes, principalement des hommes seuls, après l’évacuation d’un autre squat lyonnais.
Selon des sources proches du dossier, la mairie de Caluire-et-Cuire et la préfecture du Rhône avaient alerté à plusieurs reprises sur la vétusté et l’insalubrité du bâtiment, pointant notamment des défauts d’installations électriques. La ville propriétaire avait engagé une procédure judiciaire contre l’occupation illégale mais n’avait pas demandé d’expulsion. Un arrêté de péril pris par la mairie de Caluire avait même été retoqué par le tribunal administratif il y a quelques semaines.
Une intervention des secours périlleuse
Pas moins de 139 sapeurs-pompiers et 47 engins ont été engagés pour venir à bout de l’incendie qui n’a été déclaré éteint qu’après 2h30 d’efforts. Les opérations de recherche d’éventuelles victimes restées prisonnières des flammes se poursuivent mais sont rendues particulièrement dangereuses et complexes par l’état du bâtiment dont la structure menace de s’effondrer à tout moment.
Même les pompiers y ont laissé du matériel. C’est dire si c’est périlleux.
– Un témoin sur place
Au total, 47 personnes ont dû être évacuées et mises à l’abri. Un bus TCL a été spécialement réquisitionné pour transporter les rescapés vers un centre d’hébergement d’urgence de la Croix-Rouge où une cellule médico-psychologique a été activée pour prendre en charge les victimes choquées.
Des manquements pointés du doigt
Cet incendie, dont l’origine reste pour l’heure indéterminée, soulève à nouveau la question épineuse de l’habitat indigne et des squats dans la métropole lyonnaise. L’opposition municipale accuse la mairie écologiste de Lyon, propriétaire des murs, de «laxisme» et d’avoir sa «part de responsabilité» dans ce drame «prévisible compte tenu de l’état du bâtiment».
De son côté, la métropole de Lyon, en charge de la lutte contre l’habitat indigne, assure que «les conditions juridiques pour un arrêté de péril imminent n’étaient pas réunies» et que des travaux de mise aux normes électriques étaient programmés par la ville de Lyon. Une enquête a été ouverte par le parquet pour déterminer les causes exactes de l’incendie et d’éventuelles responsabilités.