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Incendie de Hong Kong : 75 Morts et un Choc Inimaginable

Une femme sort en pleurs du centre d’identification après avoir vu les photos des victimes. À Tai Po, l’incendie le plus meurtrier depuis des décennies a déjà fait 75 morts. Parmi eux, un pompier de 37 ans que sa compagne appelle désormais « mon super-héros parti sur Krypton ». Que s’est-il vraiment passé cette nuit-là ?

Il est des images qui restent gravées à jamais. Une femme d’une cinquantaine d’années, le visage ravagé par les larmes, s’effondre dans les bras de son compagnon en sortant d’une petite salle communautaire. Derrière elle, les tours résidentielles de Tai Po continuent de fumer sous un ciel gris de Hong Kong. Ce jeudi matin, cette scène se répétait des dizaines de fois.

Le pire incendie qu’ait connu Hong Kong depuis des décennies

Dans la nuit de mercredi à jeudi, un violent incendie a ravagé un immeuble d’habitation du district nord-est de Tai Po. Le bilan, encore provisoire, fait état d’au moins 75 morts, de centaines de blessés et de milliers de personnes déplacées. Les autorités parlent déjà du drame le plus meurtrier de ce type depuis plus de trente ans dans la région administrative spéciale.

Très vite, les secours ont transformé une salle communautaire voisine en centre d’identification des victimes. Un simple panneau manuscrit accroché au mur indiquait : « Visionnage de photos ». À l’intérieur, des dizaines de clichés des victimes décédées étaient disposés sur des tables. Ambulanciers et travailleurs sociaux accompagnaient les familles, prêtes à soutenir ceux qui reconnaîtraient un proche.

« Je ne trouve pas ma sœur et mon beau-frère… »

Madame Cheung, la voix brisée, vient de parcourir toutes les photos. Sa sœur et son beau-frère habitaient l’immeuble sinistré. Ils sont toujours portés disparus.

« Je n’arrive pas à décrire ce que je ressens. Il y avait des enfants… »

Elle repartira peut-être demain, espérant que d’autres clichés seront ajoutés. Comme elle, des centaines de personnes faisaient la queue dans une atmosphère lourde, presque irréelle. La police maintenait un cordon pour tenir les curieux à distance et limiter l’accès des journalistes.

Des familles venues du monde entier

Parmi les personnes présentes, Yayuk, une Indonésienne de 40 ans, cherchait désespérément sa sœur aînée Sri-Wahyuni, employée de maison dans le quartier. Elle n’a pas dormi de la nuit et s’est rendue dès l’aube au consulat d’Indonésie.

Le consulat a confirmé la mort de deux ressortissants indonésiens et la blessure de deux autres. Des dizaines de familles étrangères, philippines, népalaises ou pakistanaises, vivent la même angoisse : beaucoup d’employées de maison logeaient dans ces immeubles vieillissants.

Un pompier devenu héros malgré lui

Parmi les victimes figure un pompier de 37 ans. Il a été retrouvé une demi-heure après avoir perdu le contact radio avec ses collègues, le visage couvert de brûlures. Il n’a pas survécu.

Sa compagne a publié un message déchirant hommage sur les réseaux sociaux, accompagné d’une photo en noir et blanc :

« Mon super-héros a accompli sa mission et est retourné sur Krypton. Je suis fière de toi. Je n’arrive pas à y croire. Je veux tellement te tenir à nouveau la main. »

Ces mots ont été repris des milliers de fois. Ils résument à eux seuls le sacrifice de ceux qui sont entrés dans l’enfer pour sauver des vies.

297 personnes encore portées disparues jeudi matin

Jeudi matin, le chef de l’exécutif John Lee annonçait que 297 personnes étaient toujours portées disparues. Quelques heures plus tard, les pompiers indiquaient avoir réussi à joindre certaines d’entre elles – elles avaient trouvé refuge chez des proches ou à l’hôpital sans pouvoir prévenir.

Mais pour des dizaines de familles, l’attente reste insoutenable. Certaines se sont rendues directement à la morgue de Shatin pour tenter d’identifier les corps avant même que les photos ne soient disponibles au centre communautaire.

Une solidarité immédiate mais un traumatisme durable

Karen Lam, assistante sociale qui gère un centre de soutien voisin, témoigne de l’ampleur du choc :

« Nous voyons arriver des résidents en état de choc profond. Beaucoup n’ont plus rien, ni logement, ni affaires, ni parfois leurs proches. »

Des dons affluent déjà : vêtements, couvertures, produits d’hygiène. Les écoles du quartier ont été fermées et transformées en centres d’accueil temporaire. Pourtant, chacun sait que la reconstruction prendra des années – celle des bâtiments, mais surtout celle des vies brisées.

Un vieux monsieur de 77 ans qui garde l’espoir

M. Lai, 77 ans, attend patiemment son tour pour entrer dans la salle. Il aide sa sœur à retrouver une amie qui ne répond plus aux messages.

« On ne peut pas affirmer avec certitude que le pire est arrivé. Peut-être que la chance lui sourira. »

Cette phrase, presque naïve dans sa simplicité, résume le fragile espoir qui anime encore certains proches. Entre désespoir et déni, ils s’accrochent à l’idée qu’un miracle est possible.

Ce drame à Tai Po rappelle brutalement que, même dans l’une des villes les plus modernes du monde, la tragédie peut frapper à tout moment. Et que derrière chaque chiffre du bilan, il y a un visage, une histoire, une famille détruite.

Alors que les fumées continuent de s’élever dans le ciel de Hong Kong, la ville tout entière retient son souffle, pleure ses morts et accompagne ceux qui cherchent encore un être cher parmi les décombres.

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