Une nouvelle condamnation vient de s’abattre sur Imran Khan, l’ex-Premier ministre pakistanais déjà incarcéré. Vendredi, un tribunal l’a condamné à 14 ans de prison supplémentaires pour corruption dans l’affaire de la fondation Al-Qadir Trust. Un jugement qui fragilise encore plus le chef de l’opposition, cité dans pas moins de 200 procédures judiciaires.
Khan refuse tout compromis malgré les pressions
Alors que certains de ses proches auraient renoué le dialogue avec l’armée, institution toute puissante au Pakistan, Imran Khan a affirmé qu’il n’accepterait aucun arrangement. « Je ne passerai pas d’accord ni ne chercherai à alléger ma peine », a-t-il déclaré depuis la prison d’Adiala où il purge déjà une peine de 3 ans.
Nombreux sont ceux qui voient dans ces condamnations à répétition un moyen de pression de l’armée pour forcer l’ancien joueur de cricket à se retirer de la vie politique. Depuis son éviction du pouvoir en 2022 après 4 ans comme Premier ministre, Khan mène une fronde sans précédent contre l’institution militaire.
Son épouse Bushra Bibi également condamnée
Dans le même procès, la troisième épouse d’Imran Khan, Bushra Bibi, a écopé de 7 ans de prison. Arrêtée à l’issue de l’audience, celle qui fut sa conseillère spirituelle avant de l’épouser avait pourtant été libérée sous caution fin 2022. En novembre, elle avait mené une impressionnante démonstration de force du parti de Khan, le PTI, aux portes d’Islamabad.
Le PTI conteste le jugement et promet un retour de Bushra Bibi
Les avocats d’Imran Khan ont immédiatement annoncé qu’ils feraient appel de ce jugement. « Cette décision ne tiendra pas », a assuré Me Naeem Panjutha. Quant au sénateur PTI Ali Zafar, il s’est dit confiant :
Nous allons contester le verdict d’ici lundi et il sera suspendu dans les deux semaines. Bushra Bibi sera bientôt libre puisque le verdict va être suspendu.
Le bras de fer Khan-armée se poursuit, l’avenir politique incertain
Malgré les pressions et les condamnations qui s’accumulent, Imran Khan semble déterminé à poursuivre son combat contre l’armée. Une posture périlleuse alors que cette institution est considérée comme intouchable au Pakistan depuis l’indépendance.
Si jusqu’à présent, les précédentes condamnations de l’ex-Premier ministre ont toutes été annulées en appel ou suspendues, son maintien en détention préventive pour les autres affaires en cours laisse planer le doute. Le PTI, son parti, premier groupe d’opposition au Parlement, multiplie les démonstrations de force pour obtenir sa libération.
En juillet, un panel d’experts de l’ONU avait qualifié son incarcération d’« arbitraire » et exigé sa libération immédiate. Mais le pouvoir en place semble résolu à neutraliser Imran Khan, quitte à fragiliser davantage la démocratie pakistanaise déjà malmenée. L’issue de ce bras de fer aura des conséquences majeures sur l’avenir politique du pays.